Tiens, des lamas…

Comme souvent depuis notre arrivée au Chili, nous avons besoin d’un peu de temps pour apprécier les villes ou villages à leur juste valeur. C’est le cas pour Curarrehue, et après avoir arpenté sa rue principale 4 ou 5 fois, nous y avons nos petites habitudes.

Comme ce petit monsieur qui nous salue et nous raconte un peu de sa vie à chaque passage devant son portail… Ou ce marchand de légumes où nous faisons le plein de fraises, de tomates, d’asperges et d’avocats, pour changer des menus pâtes/semoule/quinoa/riz du bivouac. Ou encore, cette boulangerie qui nous régalera de bonnes brioches à la crème ou à la confiture de lait (appelée manjar au Chili). Sans oublier la vendeuse de pop-corn du coin de la rue…

Vous l’aurez compris, les villes sont avant tout des étapes gastronomiques pour nous! D’ailleurs, nous dégusterons un très bon repas Mapuche, à base de pignons d’araucarias. La municipalité de Curarrehue essaye de mettre en avant la culture Mapuche, très présente ici, à travers un centre culturel. Mais, il est malheureusement en rénovation lors de notre passage.

Nous nous remettons en route lundi 11 novembre, sous un soleil au zénith. Encore une fois, nous partons trop tard. Il va falloir changer notre rythme pour éviter les heures les plus chaudes et pendant lesquelles les rayons du soleil sont très puissants. Encore une fois aussi, nous choisissons la piste comme alternative à la route internationale reliant le Chili et l’Argentine. Nous traversons une passerelle chaotique et nous retrouvons vite au milieu de champs toujours bien barbelés.

Nous jouons à cache-cache avec le Villarrica, dont le dôme nous apparaît de plus en plus impressionnant. Nous avons décidé de prendre notre temps dans la région et de rejoindre le parc Huerquehue que nous avons contourné lors des étapes précédentes. Envie de prendre de la hauteur et de faire de petites randonnées… La piste est recouverte de graviers instables et très poussiéreuse. Pas très agréable, surtout lorsqu’on se fait dépasser par des locaux pressés.

Quand arrive l’heure de se poser, à la sortie d’une ferme touristique tournée vers la préservation de la faune et le développement durable, nous croisons…. un lama!!!! Un jeune homme semble le conduire dans un pâturage. C’est un signe! Ni une, ni deux, Fanny lui demande si nous pouvons camper sur la pelouse à l’entrée. Pour lui, pas de problème, mais il faut demander au propriétaire. Jerry, anglais installé depuis de longues années au Chili, nous accueille chaleureusement, et nous invite à faire comme chez nous.

Les lieux sont tranquilles et nos voisins de chambre seront deux jeunes alpagas. A la nuit tombée, Camilo, le jeune homme croisé au départ, nous propose de l’aider à donner le biberon à leur petite vache, Sofia. Les filles sont aux anges. Et nous remettons ça dès le matin. Camilo leur explique avec bienveillance, les gestes et le comportement à adopter ainsi que le fonctionnement de la ferme. Que de bons moments partagés! @AlmaEquinaPucon

Les filles se remettent en route, le sourire aux lèvres et des projets plein la tête, dont celui de monter une vraie petite ferme à Assas. Ces châteaux en Espagne nous permettent de gravir les premiers kilomètres sans trop y penser. Mais bientôt, la montée est raide et la chaleur difficile. On serait heureux qu’un camion nous propose de l’aide. Mais, c’est à la force de nos mollets que nous rejoindrons un replat, souvent synonyme de repas pour nous. Une pause à l’ombre est essentielle pour reprendre des forces et s’hydrater. Un pique-nique bio, quoi….

Derniers 300 mètres de dénivelé à monter. Les panneaux ne sont pas trop encourageants… mais très vrais!

Nous enchaînons les lacets doucement, mais régulièrement sans trop pousser à part dans les épingles à cheveux sableuses. Nous trouvons un petit camping à la ferme, très sommaire mais agréable, sur les rives du lac Tilquico. Les filles ne se lassent pas d’admirer les tous jeunes agneaux. Et un animal de plus à rajouter à la Ferme d’Assas! Nous passons une fin d’après midi tranquille, entre jeux, lecture ou contemplation, sur le ponton. « C’est beau, un lac! » seront les mots, simples mais si vrais, de Lucie, qui justifient à eux seuls les efforts de monter. A la nuit tombée, ce sont deux lunes qui nous souhaitent bonne nuit, tant les eaux du lac sont paisibles. Des moments ressourçants!

Les cris stridents et électriques des ibis à face noire nous sortent de la tente. Ces grands oiseaux au bec courbé nous suivent depuis notre arrivée dans les Andes et nous commençons à nous habituer à leur chant très particulier.

Nous partons pour une randonnée vers le mirador Quinchol. La montée débute dans une végétation dense et oppressante d’arbustes et de bambous. Ils forment une arche au-dessus de nos têtes et nous sommes contents quand nous pouvons enfin revoir un bout de ciel ou profiter d’une tache de soleil. Au fur et à mesure que nous prenons de l’altitude, les bambous laissent la place à de majestueux hêtres et des araucarias longilignes. Ils font la course à la lumière et à côté de leur troncs élancés, les filles paraissent bien petites.

Elles sont devenues des guides touristiques à l’occasion de cette randonnée, délaissant un peu leur projet de ferme, ouf!!! Heloïse grimpe grâce au jeu des devinettes avec maman et aux épaules confortables de papa! Le sommet nous offre une vue panoramique sur 6 volcans Andins: dans les personnages principaux, nous reconnaissons le Lanin, dominant la frontière argentine à 3800 mètres, le Quetrupillan, le challenger car légèrement aplati, le Llaima dans notre dos, et le héros du coin, le fameux Villarica.

Nous déjeunons devant ce spectacle, commentant chaque forme et chaque montagne, rassasiés plus par la vue que par nos maigres fajitas. Les filles ont composé une petite chanson pour l’occasion:

Nous montons au mirador/ Peut-être verrons nous des condors / Des lacs et des volcans / S’il y a du beau temps / Dur dur la montée / On en a plein les pieds / Mais on va y arriver / Une pause cookies / Spécialement pour Héloïse/ Pour le pique-nique, une fajita/ Avec vue sur le Villarrica.

Après une descente rapide mais raide pour les genoux, nous retrouvons notre bord de lac pour une fin d’après midi studieuse.

La pluie est annoncée vendredi. Ce sera l’occasion de visiter Pucon. Sur la route, à une dizaine de kilomètres de la ville, nous trouvons un gîte rural tenu par une famille hollando-chilienne. Micha et Melissa nous accueillent chaleureusement ainsi que leurs deux petit bouts de choux, Alicia et Bastian. Les filles sont contentes de partager leur jeu dans un mélange d’anglais et d’espagnol: trampoline, cabane, legos, confection de gâteaux… le paradis. Leur maison, construite par Micha, est très confortable et nous passons une agréable soirée à discuter.

Nous découvrons Pucon sous la pluie… C’est la première ville touristique que nous croisons depuis 2 mois. Nous avons l’impression d’avoir changé de pays. Quel constraste avec Curarrehue, pourtant située qu’à une vingtaine de kilomètres! Le nombre de magasins de sport (ouverts!) concurrence celui de bars ou restaurants branchés. Les rues et les vitrines sont soignées. Les agences proposent treks, canyoning, ski. C’est le paradis des sports de montagnes. Nous profitons des avantages de la ville (banques, poste, course), faisons le plein de fruits secs en vrac et de bon pain, dégustons un expresso avant de retrouver la tranquillité de la campagne.

Samedi, nous quittons la belle petite famille de Melissa et Micha, après une dernière séance de jeux internationale. Direction la piste traversant le parc national Villarica pour rejoindre Conaripe, sur les berges du lac Calafquen. Peut-être trouverons-nous des termes en chemin… Mais avant, il nous faut grimper! Le chemin en sous-bois est très agréable, mi-ombre mi soleil, pentu sans trop, longeant une belle rivière. Un chien à la queue blanche – que nous baptiserons donc Cola blanca – nous adopte et nous suivra pendant 2 jours dormant devant notre porte et nous protégeant contre d’éventuels dangers. De toute façon nous dormons comme des marmottes après 30 kilomètres et 700 mètres de dénivelé dans les mollets.

Le lendemain, cela se corse mais nous étions prévenus!

La piste devient un chemin creusé de profondes ornières. Mais un jour sans pousser les vélos ne serait pas une vraie étape pour nous.

La forêt nous enchante toujours autant, entre bambous, hêtres et araucarias. Leurs troncs sont recouverts de lichens vert fluorescent, rajoutant une nuance au camaïeu de verts environnant! L’environnement nous impressionne aussi: le vent fait craquer les troncs millénaires, les ombres dansantes nous menacent. Au-dessus des ramages, les nuages défilent à vive allure…. Nous ne resterons pas secs ce soir! Au col, à 1311 mètres, nous enfilons doudounes et vestes imperméables. La température chute vite à cette altitude.

Nous dépassons la cabane des gardes de la Conaf et un sentier menant au mirador des volcans. Ce n’est pas pour aujourd’hui. La couverture nuageuse est trop dense. Nous trouvons un champ dégagé à quelques kilomètres des Termas Geometricas…. au programme du lendemain.

Avec une telle motivation, autant dire que nous nous sommes tous levés dès que le réveil a sonné! Quelle efficacité! Nous sommes en selle avant 10h00, un exploit pour nous et arrivons aux termes 30 minutes plus tard…. devant un portail fermé. Ils n’ouvrent qu’à 11h00! Ce n’est pas grave, nous avons le temps. Quand nous demandons à Matias, l’administrateur des lieux, où laisser les vélos, il nous accueille à bras ouverts, nous invite aux thermes et nous offre un logement pour la nuit suivante, pour profiter au maximum des lieux. Matias a le coeur sur la main. C’est un passionné de montagnes et il rêve lui aussi de grands voyages avec ses enfants. Que dire devant autant de gentillesse et de générosité! De sincères remerciements et une invitation en France si son voyage prend forme.

Les thermes Geometricas sont uniques. Nous sommes époustouflés par les lieux. Ils ont été dessinés par l’architecte German del Sol, qui, en utilisant des matériaux naturels, a voulu relier nature et géométrie. Au fond d’une gorge humide, serpente un chemin de bois rouge, desservant 20 bassins de pierre aux températures oscillant entre 35 et 45 degrés. Quelle végétation luxuriante! Fougères, nalca – sorte de rhubarbe géante – , bambous, mousses en tout genre ruissellent sur les roches volcaniques.

Une fumée odorante s’échappe de certaines crevasses d’où proviennent les eaux thermales à très haute température. Plus nous nous enfonçons dans le canyon, plus nous ressentons la magie des lieux. Après un tronc d’arbre moussu, une cascade nous surplombe, point d’orgue du spectacle. Nous sommes sous le charme.

Et que dire des bains, tous plus agréables les uns que les autres. Nous les goûtons presque tous… et passons une après-midi inoubliable dans ce décor de rêve.

Les montées sont bien vite oubliées, les muscles délassés. Dur dur de sortir des ces eaux thermales! Il va bien falloir remonter en selle mais demain est un autre jour, comme à l’habitude de dire Lucie…

15 commentaires sur “Tiens, des lamas…

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  1. J adore vous lire les amis!😊. J ai l impression de partager un peu votre voyage. Que de beaux paysages et belles rencontres. Les hammams et autres thalasso en france vont te paraître ternes…😘😘

    1. Merci beaucoup Emmanuelle pour ces encouragements. Ce sont les copines qui me manquent dans les hammams!!!!!😉😉😉😉 je t’embrasse fort.

  2. Superbe récit et voyage, comme d’habitude ! Bon courage pour le retour… et surtout la ferme à Assas !! 🙂 Sinon, petite question, est ce que les filles font des progrès en espagnol ? c’est un point crucial pour convaincre ma chérie de partir avec Zoé 🙂 Bonne continuation les amis !!!

    1. Hola! Les filles jouent même entre elles en espagnol maintenant! Les progrès sont fulgurants, pour nous 5. Nous sommes en permanence en contact avec la langue espagnole, et faisons en sorte d’inclure les enfants dans les echanges du quotidien (acheter du pain, commander au resto, etc). Nous passons aussi beaucoup de temps avec des familles, de enfants chiliens. Les apprentissages sont incontestables, variés, et peu académiques. Mais leur épanouissement est une réponse dont je me satisfait.
      A très vite on the road again 😉

  3. Félicitations pour cette belle étape, bravo pour vos très bonnes photos qui nous donnent envies d’y être et de partager avec vous aventures et rencontres et plongée dans les thermes!!!
    Bise à tous les 5,
    Denise et jean.

  4. Les photos sont superbes et donnent envie d’y être ! Chaque « récompense » est tellement méritée par vos efforts et votre volonté qu’on est ravis de vous voir tous en profiter pleinement. Du temps 100% en famille et une découverte du monde qui construisent tellement les filles… C’est chouette de voir leurs beaux portraits ! Nous on se régale assis sur nos chaises et on se dit qu’il va falloir aller faire … du sport en salle !! 🙃 Gros bisous de LA. Cécile

  5. Superbe reportage comme d’hab et bravo aussi au photographe ! Le sourire des filles… et des parents en dit long sur le bonheur qu’apporte ce voyage pourtant parfois bien éprouvant. Une belle école aussi ! J’aime bien le T-shirt trouvé à Pucon, hihihiiii.
    Juste une parenthèse pour dire que cette année je suis allée visiter l’Irlande en partant de chez moi. Je me suis bien fait arrosée mais rien à regretter !
    Bravo, bonne continuation et grosses bises

    1. Merci beaucoup Chantal !!!! Te lire me fait toujours autant plaisir. Quel beau périple cela a dû être, pas facile !!!! Plein de bises.

  6. merci pour ces, pour vos temps de Vie partagés qui dès le matin, avant même que je ne réveille les internes de SJPR, me donnent un élan de Vie plus que positive !!! Très Bonne Continuation à vous 5. Bises. Patrick

Répondre à Franck SIMONAnnuler la réponse.

par Anders Noren.

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