Au pays des cascades

Nous avons prolongé notre séjour à Barichara tant nous avons eu du mal à quitter ces lieux si ressourçants.

Nous retournerons à Barichara pour nous imprégner encore de l’ambiance de la ville et surtout revenir au camp en tuk tuk (sorte de taxi triporteur), le grand plaisir des filles. Nous partagerons aussi de bons moments avec Pascal, rencontré quelques mois plus tôt à Carthagène. Et nous continuons à nous émerveiller de la vue à couper le souffle que nous offre ce lieu insolite. Et puis, il faut aussi écrire et travailler, appeler nos familles, réparer les premières crevaisons de matelas, les sacoches qui ont mal vécu les vibrations des dernières pistes, vérifier les vélos! Bref, toute une routine de voyage.

Petite anecdote en partant de Barichara: nous nous arrêtons pique niquer au pied d’une vierge et d’un petit autel à l’ombre… c’est vrai que l’on s’est un peu étalé… en tout cas on a été denoncé et la police est venue nous dire de partir… tout de même très gentiment et avec courtoisie et curiosité pour notre voyage!!

Nous campons près d’une école après une longue discussion avec une famille venue débroussailler le terrain en vue de la rentrée des classes le lundi suivant

Une piste ocre bien pentue par endroits (on les repère de loin car ils sont cimentés) nous mène de pâturages en champs de café. L’odeur des fleurs de caféiers nous régale. Un mélange de jasmin et d’orangers! Nous arrivons à Curriti où un écrivain public nous offre sa poésie et des acrostiches avec nos prénoms. Un beau souvenir!!

Nous nous dirigeons vers les « pozos » ou gouffres bien connus ici. Et nous sommes le week-end encore une fois. Nous nous mêlons donc aux locaux. Le restaurant nous permet de camper sous un kiosque avec vue dominante sur la rivière. Nous y passerons 2 nuits pour profiter pleinement des eaux cristallines de ces gorges. Nous déambulons de gouffres en toboggans naturels. Au détour du chemin, un bel arbre aux fleurs rosées en forme de plumeau surplombe LE gouffre parfait entouré de hauts rochers et de belles cascades. L’eau est translucide et d’un beau bleu qui invite à la baignade. Mais c’est plutôt très froid!! Certains se jettent à l’eau, d’autres hésitent mais tous, nous profitons de la quiétude et de la beauté du site. Nous remonterons ensuite la rivière de rochers en rochers pour nous trouver un petit coin tranquille, notre petit pozo à nous. Affamés par cette journée au grand air, nous nous ruons au retour sur les stands de sucreries proposées. Une famille nous conseille les « solitarias », un biscuit poreux et croustillant orange vif tartiné de purée de courges sucrée et de confiture de mûre ( ça c’est la version light, les colombiens y ajoutent à leur habitude lait condensé sucré et fromage). Un régal encore une fois!! Les chaudes lumières du crépuscule accompagnent notre repas du soir. Et celles de l’aube naissante percent quelques heures plus tard à travers la moustiquaire de la tente. Nous dormons encore avec la tente ouverte vu la douceur du climat. Avant de quitter les lieux, nous expérimenterons les toboggans naturels. Très amusants mais attention aux secousses et aux bleus! Les rochers sont de vraies patinoires.

Nous pensions éviter la ville de San Gil mais nos arceaux de tente continuent de casser les uns après les autres et nous espérons trouver une solution dans cette ville dédiée aux sports extrêmes. Après recherche, le seul magasin qui vend des tentes est le supermarche!! Nous ressortons du centre commercial peu convaincus avec une tente 2 places de qualité supermarché ! Peut être pourra-t-on utiliser les arceaux au cas où… Nous déjeunons sur place dans une sorte de food-court ultra moderne. Joaquim et sa famille, intrigués par nos vélos, tiennent à nous offrir boissons et desserts!! Nous quittons cette ville les ventres et les sacoches alourdis!!

Nous choisissons de nous engager dans une vallée plus petite avec moins de circulation. Les premiers kilomètres sont peu intéressants. Nous avons repéré d’autres gouffres facilement atteignables. Il faut pour cela bifurquer sur une piste. Dès le début de l’embranchement, nous ne le sentons pas. Mais il est déjà tard alors on le tente. Et nous aurions dû suivre notre intuition… Au niveau de la zone de baignade se trouve un petit restaurant avec bar et zones de jeux comme nous en avons très souvent vus… nous sommes lundi mais les lieux sont pleins et extrêmement sales. Des bouteilles de bières traînent partout, jusque sur la plage… sans compter les emballages en tout genre que chacun jette au sol. La musique est poussée au maximum… Et sur ce, il se met à pleuvoir… bref, pas très fun comme bivouac! C’est ça aussi le voyage. Tout n’est pas toujours idyllique ! Mais au moins on a un toit pour se protéger en attendant de monter la tente quand toutes les familles seront parties…. et l’une d’entre elles nous offrira des chips devinant notre désarroi peut être… la nuit sera calme même si les chiens errants pilleront les quelques poubelles existantes, rajoutant de la saleté à la saleté!! C’est dommage car sur le papier, le lieu pourrait vraiment être très chouette. Les filles se sont d’ailleurs régalées dans la rivière !

Le lendemain, quelques tours de pédales et nous voilà aux chutes de Juan Curi, très célèbres en Colombie. Damien ne se sent pas très bien mais on se laisse tenter par des tyroliennes vertigineuses, pour une vue unique des cascades. Un, dos, tres… listos… Waouhhh!! 90 mètres de vide sous les pieds et 2 chutes de 70 mètres et de 140 mètres en visu. Sensation grisante ! C’est ensuite à pied que nous pourrons nous rendre compte des hauteurs spectaculaires de ces chutes, entourées d’une nature luxuriante, enchevêtrement de lianes, de fleurs et d’arbres en tout genre. Seule Héloïse aura le courage de se baigner dans le gouffre… l’eau est glaciale, mais le spectacle grandiose.

Nous passons une fin d’après midi paisible dans le champ du restaurant voisin, tenu par une super famille. Nous y camperons et nous nous régalerons de faire de la balançoire au dessus de la rivière!! Aussi sensationnel que la tyrolienne. Damien récupère doucement.

Au fur et à mesure que nous nous éloignons de San Gil, la route devient plus agréable. Nous montons doucement, sans effort, entre forêts tropicales et champs de canne à sucre sur des côteaux très pentus. On se demande comment ils peuvent les cultiver. L’ambiance devient champêtre. Nous longeons le Rio Fonce. Nous apprécions cette tranquillité propre aux campagnes. Petite halte dans la ville de Charala. Un arbre centenaire et majestueux au milieu de la place nous rafraîchit. Ses branches tortueuses témoignent de sa longue vie dans ce petit village paisible et extrêmement propre!! Pas un seul papier ne traîne! Et un système de tri et de ramassage des ordures organiques et recyclables est mis en place par la municipalité.

Un couple nous accoste alors. Zuly et Fredy nous ont croisés à l’entrée et nous ont ensuite cherchés!! Après quelques mots échangés, ils nous invitent à nous rafraîchir chez eux. Ils habitent depuis 4 ans une jolie maison ouverte sur la nature, après avoir fui le tumulte et l’insécurité de Bogotá. Le Santander est une région très sûre, loin des problèmes des narco trafiquants d’autres zones colombiennes et les petites villes comme Charala échappent à l’insécurité citadine. Zuly nous montre toutes ses créations, des coupes en feuilles d’arbres, des petites pochettes/jeux cousus pour le mariage de son fils aîné. Ils nous enseignent les règles d’un jeu colombien, le Rumy et finalement nous concoctent un bon déjeuner puis nous proposent de rester jusqu’au lendemain.. Quel accueil spontané ! Ils sont apaisants, simples et sincères et nous nous sentons très bien à leurs côtés. Ils nous font découvrir leur sentier préféré en bord de rivière, puis leurs glaces et leurs papas rellenas favorites. Nous cuisinons ensemble, allons faire le marché ensemble, tout simplement. Les filles se font coiffer. Nous apprécions particulièrement nos moments d’échanges sur les sujets de la vie en général et nous ressortons encore une fois plus riches de cette rencontre. Merci infinement pour ce cadeau du voyage!

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13 commentaires sur “Au pays des cascades

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  1. En plus des paysages si bien décrits, les magnifiques photos, vous faites de belles rencontres.
    Ça me fait réfléchir…
    Sommes-nous aussi spontanés et accueillants avec les étrangers rencontrés sur notre route ???
    Une belle leçon…
    Bonne route et à bientôt !

    1. Merci. Ce sont des questions que l’on se pose aussi. De quoi réfléchir en famille à ces accueils spontanés et sincères. Nous en retirons chaque jour de belles leçons d’humanité.

  2. Trop bien vos récits, merci à nouveau ! Je vous envie de profiter de mon pays préféré 🙂

    J’ai souri aussi car vous auriez pu apprendre le rami en France ! (ou au pire, jouer au rummikube :))

    Bonne continuation et surtout bonnes aventures !!

    1. Oui, chaleur humaine et gustative, de quoi profiter de chaque instant. On vous espère en forme vous et les enfants. Vous reprenez vos marques? Bises

  3. On ressent les saveurs et la chaleur au sens propre comme au figuré !
    Profitez bien de cette parenthèse de vie !

  4. C’est encore une fois avec beaucoup de joie que je te lis Fanny, que de rencontres fabuleuses et de paysages magnifiques !!! merci pour tes articles, c’est un réel plaisir !!! Karina

  5. Super couleurs dans les villages et vos beaux sourires pour illustrer ces excellents moments que vous traversez. Les gens ont l’air tellement gentils et quelle générosité à chaque fois ! Bonne poursuite les exploratrices-teur

    1. Merci Cécile !! Les Colombiens sont adorables et joyeux à l’image des couleurs des villages mais aussi de la nature: partout ibiscus, bougainvilliers et autres arbres inconnus colorent nos journées!!

Répondre à FannyAnnuler la réponse.

par Anders Noren.

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