Adios Chile, viva Argentina!!

Tout d’abord, merci à tous pour vos commentaires, qui nous font toujours autant plaisir et sont une source de motivation.

Nous n’avons pas répondu à tous ces derniers temps faute de moyens techniques, mais chaque message est toujours aussi important pour nous. Nous voilà en Argentine, après une petite dernière semaine sur les routes chiliennes. Jusqu’au bout, le Chili aura conquis nos cœurs!

A la faveur d’une éclaircie, nous quittons Chaiten, nous avons hâte de reprendre la route!… Au bout d’une heure, il se met à pleuvoir à grosses gouttes.

Un café accepte que nous pique-niquions au chaud. La forêt dégouline de toute part, les fossés débordent, nos vêtements de pluie saturent. Nous nous couvrons comme nous pouvons: sac poubelle, couverture de survie, protège sac!

Mais le soir arrive sans abri à l’horizon. Il y a bien un hôtel, mais seulement pour les stars américaines, qui arrivent directement en avion pour pêcher, nous dit-on! Ce ne sera pas pour nous. La seule auberge abordable est pleine depuis 1 mois… Forcément, elle n’a qu’une seule chambre!!! Nous plantons donc la tente sous la pluie, sur ce qui semble être une ancienne piste d’atterrissage. En espérant que Robert Redford ne choisira pas ce moment-là pour débarquer avec son jet privé! A peine la tente montée, nous nous sentons déjà mieux: au sec, nous enchaînons joyeusement les parties de cartes tandis que les habits sèchent, …enfin gouttent!

Il pleuvra une bonne partie de nuit. Heureusement, au petit matin, les cieux nous accordent une trêve, tandis que la route devient de plus en plus pentue! On souffle jusqu’au col.

Il se remet à pleuvoir quand nous descendons vers le village de Santa Lucia. Au détour d’une courbe, le paysage change radicalement: il y a deux ans, une gigantesque coulée de boue a tout emporté sur son passage: à la place de la forêt, s’amoncellent troncs d’arbres et rochers. Sans arbre, il n’y a plus de vie ici, plus de chants d’oiseaux.

La coulée s’est ensuite engouffrée dans une gorge avant d’atteindre le village de Villa Santa Lucia de plein fouet. La moitié des habitations a été emportée et c’est un paysage de désolation que nous atteignons. De nombreux drapeaux chiliens portant le nom des victimes flottent sur cet amas de terre et sur les décombres des maisons. Il se dégage une atmosphère triste et solennelle. C’est très émouvant et poignant! Le chili n’est vraiment pas épargné par les catastrophes naturelles.

La vie a repris son cours dans le village. Devant un café, nous sommes l’attraction du jour pour des voyageurs chiliens de Santiago, tout le monde voulant nous prendre en photo! Mais, nous avons rendez-vous avec Betty. En sortant du ferry, à Chaiten, nous avions échangé quelques mots et elle m’avait gentiment invitée à s’arrêter chez elle pour reprendre des forces. Elle nous accueille avec une excellente tarte, du bon pain et un café chaud. La recette du bien être! Au petit camping du village, nous retrouvons de nombreux cyclistes argentins, chiliens, suisses. Nous partageons nos denrées et nos voyages, dans une ambiance toujours très sympathique. A partir de ce moment-là, nous allons d’ailleurs croiser beaucoup de cyclistes. La région est très célèbre dans le monde entier pour ce sport et ce sont les vacances et l’été (ah bon vraiment?) en Argentine et au Chili.

En route pour Futaleufu, dernière ville chilienne, nous tombons sous le charme du lac Yelcho. Des eaux cristallines, un grand soleil, une plage de sable blanc. Il ne nous en faut pas plus pour nous arrêter et profiter de l’après-midi en famille. Les montagnes escarpées nous dominent. Sur les eaux calmes de fin de journée, deux canards font la course et nous nous régalons d’admirer leur ballet original. Nous adorons ces endroits et savourons la quiétude des lieux.

Le lendemain, un départ plus matinal que d’habitude (rien de bien tôt, tout de même) nous permet de pédaler au frais. Mais, c’est la crevaison!… Devant nous, un pick up s’arrête, le pneu éclaté. La conductrice accepte notre aide avec soulagement. Les deux jeunes, qu’elle avait pris en stop plus tôt, Felipe et Almendra, nous invitent à déjeuner chez eux, le lendemain à Futaleufu pour nous remercier! Il nous faudra deux jours pour rejoindre notre dernière étape chilienne, sous un soleil de plomb (mais on ne va quand même pas se plaindre!!), au cœur de pics acérés et de montagnes rouges enneigées. Nous sommes dépassés par de nombreux cyclistes dont deux français très sympas, David et Sébastien (los solidos sur facebook), avec lesquels nous partagerons des bouts d’étapes, les jours suivants.

Le lendemain, comme convenu, Felipe nous rejoint sur la place du village et nous conduit chez lui ou plutôt chez sa grand-mère chez laquelle vivent sa maman, et son oncle, ainsi que les petits enfants pour les vacances. Nous sommes accueillis et soignés comme des rois et nous régalons de leurs excellentes cerises. Après le déjeuner, ils nous font découvrir leur village du mirador voisin. Nous admirons les alentours en échangeant sur le voyage.

Ils nous invitent spontanément à dormir chez eux, ce que nous acceptons volontiers en leur faisant découvrir la gastronomie française. Au menu, la formule “Chandesris”, simple mais efficace: ratatouille, riz, crumble aux fruits de saison. Une tablée de 11… La soirée se prolongera tard dans la nuit autour de discussions toujours aussi passionnantes sur la politique, la culture, la vie en général. Après le repas, les enfants enchaînent parties de jeux vidéos et de foot dans la rue!

C’est chouette de voir les liens entre grand-mère et grands petits-enfants qui reviennent “aux sources” pour les vacances. La maman de Felipe se démène pour offrir à ces enfants la vie la plus confortable possible. Nous rions à l’humour maternel, toujours teinté de beaucoup d’amour. Nous en bénéficions, à travers leur générosité et leur accueil si chaleureux. C’est le coeur serré que nous les quittons le lendemain. Avec eux, nous disons “au-revoir” au Chili avec un pincement au coeur. Cette dernière soirée fut comme un symbole, celui du partage, à l’image de notre séjour au Chili, embelli par toutes ces familles si généreuses. Muchas gracias a toda la familia!

Quelques kilomètres plus loin, c’est l’Argentine qui nous accueille. Un pays à la fois similaire et différent. Mêmes montagnes mais versant oriental plus sec. Preuve en sont les prés jaunis par le soleil, du jamais vu au Chili! Même langue mais accent chantant qui se teinte de “ch” en tout genre. “Yo me llamo Yoan” devient “Cho me chamo choan…”!! On se croirait dans “Astérix et Obélix et le bouclier Arverne”. Nous avons du mal à les comprendre, et cela fait bien rire les filles.

Les collines s’arrondissent, les forêts laissent la place à une garrigue plus sèche. A la frontière, le ton est donné: pas de fouilles ici, pas de censures de nourritures…. et pas de goudron. Il s’arrête côté chilien pour laisser la place à l’une des pistes les plus mauvaises depuis le début du voyage. Et ce n’est que le début! 40 kilomètres de tôle ondulée et bien molle pour rejoindre le premier village Trevelin.

Sur la route, nous doublons (oui, vous avez bien lu, une première pour nous!) Enio, cycliste brésilien très chargé et très gentil. Nous finirons l’étape à ses côtés, en nous motivant mutuellement.

Repos bien mérité au camping du village et premier petit déjeuner argentin de roi avec churros, croissants et confiture de fraise offerte par la grand-mère. A midi, sur la place, nous partageons le déjeuner avec David et Sébastien, les filles profitent des jeux pour se faire leur première copine Argentine, nous tentons de trouver de l’argent (nous finirons par changer des dollars au noir!), faisons le plein de courses et entamons l’étape du jour à….17h00!!!! Le paysage de collines dorées par la lumière de fin d’après midi et de montagnes minérales nous enchante pour cette première étape. Le vent de face très violent et glacial beaucoup moins. Hier, il nous poussait. On ne peut pas toujours tout avoir. Sur la route, nous apercevons nos premiers flamants roses au soleil couchant … avant d’atteindre notre campement dans le parc national Los Alerces, aux côtés des deux jeunes français! Nous n’avons pas roulé de nuit, mais ce fut juste!!! On apprécie beaucoup la compagnie de David et Sébastien et passons encore une fois un bon moment avec eux.

Le parc nous offre des vues extraordinaires sur les montagnes et les lacs, sur des glaciers suspendus et des pics acérés.

Des petites randonnées ponctuent nos étapes à vélo. Nous admirons des peintures rupestres représentant des clepsydres. C’était un moyen pour les peuples indigènes nomades de se laisser des messages. L’ancêtre du smartphone, en fait! D’ailleurs, comme il n’y pas de réseau dans le parc national, les groupes de vacanciers qui se rejoignent, utilisent la même technique et se laissent des petites pancartes sur le bord des routes pour indiquer leur présence dans tel ou tel campement. Comme quoi, on se débrouille très bien sans portable! Le bord des rivières est l’endroit idéal pour admirer l’Alerce, cyprès millénaire surnommé “el abuelo” (le papi) en mapuche. Les eaux turquoises et cristallines invitent à la baignade. Il fait très très chaud dans la journée mais les nuits restent fraîches.

Nous essayons de nous abriter pendant les heures les plus chaudes. Par contre, la piste est très mauvaise, sableuse, en tôle ondulée, et chaque voiture soulève un nuage de poussière désagréable. Nous en mangeons pendant 4 jours car tous les Argentins se sont donnés rendez-vous dans cette région plus “fraîche” en cette période estivale.

L’ambiance dans les campements est bon enfant! Nos voisins locaux sont les rois de la grillade et pendant que nous nous régalons de nos lentilles ou de nos salades de riz, les effluves de boeuf grillé nous parviennent…. un supplice !!! Nous rencontrons aussi beaucoup de cyclistes de tout horizon et partageons avec plaisir nos histoires! De quoi nous retarder dans nos départs déjà peu matinaux, on finit souvent par commencer les étapes en fin d’après midi! Un matin, c’est aussi une petit souci mécanique qui nous retardera. La chaîne de Manon s’est complètement coincée dans la cassette. Nous devons tout démonter…. départ retardé encore une fois!!

En sortant du parc, dimanche, nous faisons halte pour le déjeuner dans la petite ville de Lago Rivadavia… Nous tombons sur la fête du cheval locale. Il s’agit d’un rodéo et nous admirons la dextérité des cavaliers argentins. Nous sommes impressionnés! Pendant que l’un d’entre eux tente de rester en selle, les cavaliers qui assurent sa sécurité ne semblent faire qu’un avec leur monture. Nous passons un excellent moment, à nous imprégner de l’ambiance locale. Hommes et femmes portent l’habit traditionnel: pantalon de cavalier et large ceinture, espadrilles ou bottes et béret vissé sur la tête.

On se remet en route en fin de journée. Nous adorons la luminosité. Deux cyclistes uruguyens nous indiquent une “casa de ciclistas” dans le petit village de Villa El Blanco. Nous y rejoignons Enzo, un voyageur belge très sympathique, avec lequel nous passons une excellente soirée.

Nos prochaines étapes nous conduisent doucement mais sûrement vers El Bolson puis Bariloche. Un nouveau décompte a commencé depuis quelques semaines: nous attendons avec impatience et joie l’arrivée des parents de Damien dans quelques jours!!

23 commentaires sur “Adios Chile, viva Argentina!!

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  1. Un bonjour de Montpellier, d’ou je suis vos aventures qui sont aussi vivantes que passionnantes!
    Merci de nous faire voyager et découvrir tant de beaux paysages et moments de vie.
    Bon courage pour les jours plus compliqués que les autres et continuez à nous faire rêver !
    Lucie Fourniol

  2. Coucou à toi Fanny et à ta petite famille. Je ne vous avais pas lu depuis un petit moment en raison de divers contretemps… Toujours aussi agréable et sympathique ! Bravo ! Continuez ainsi. Les cheveux poussent ! J’en profite pour vous souhaiter une belle année.
    Nous penserons bien à toi à Londres avec Stéphanie.

    1. Merci beaucoup Jérémie pour ton message!! Eh oui les cheveux s’allongent…. et blanchissent mais je les cache sous la casquette🤣🤣!!!! Profitez bien de londres et de ses bibliothèques!! !!🤣🤣🤣 bises

  3. Très belle conclusion de votre passage au Chili et Magnifique entrée en matière en Argentine. Aahhhh, ce ciel bleu argentin…..

  4. Bonne année Damien à vous 5 !!!

    Je me délecte de vos récits écrits et photos Ça me rappelle mes jeunes années où j’enchainais les albums de Tintin à toute vitesse.
    Donc fini “Les Chandesris au Chili” et son général Alcazar et vamos “Les Chandesris en Argentine” et leurs gauchos 🙂

    Bravo, portez-vous bien et merci pour ces instants partagés.
    Nico

  5. Bonne continuation en Argentine les Lamas Fûtés ! Ça va vous changer, et j’espère que vous aurez des conditions météo meilleures.. La venue de la famille de Damien va continuer le plaisir que vous aviez eu de revoir celle de Fanny!!!
    Bonne route et gros bisous!!

  6. Bonjour les Chandesris, les élèves de Seconde DNL Espagnol ont, à partir de vos récits, réalisé un exposé sur le Chili, vous les avez inspirés! Bonne route en Argentine!

    1. Merci beaucoup Jean Luc. C’est génial d’avoir réalisé ces exposés. Je suis contente si nous avons pu les inspirer un peu. A très bientôt !

  7. le récit de vos déplacements je les attendais avec impatience, roulez, roulez donc vers d’autres rencontres bise

  8. nous continuons à lire vos aventures avec toujours autant de plaisir . Je sais que Paul et Sophie aussi
    Bonne continuation firmin et sylvie

  9. Incroyables ces photos de cavaliers Damien ! et les lacs ! et les montagnes 🙂 Bref un plaisir de vous retrouver 🙂
    bises
    D.

  10. toujours heureux de vous lire !!!
    L’aventure continue grâce à vos aventures, vos images magnifiques, la joie sur vos visages ….
    Merci à vous

  11. Bonjour à vous 5 !
    Merci à vous d’avoir à nouveau de vos nouvelles et qui me et nous font Voyager !
    Bonne continuation en Argentine et à très vite pour lire la suite de votre très belle aventure familiale et Humaine.
    Bises. Patrick

  12. Un nouvel article ….Beaucoup l’attendait .
    Un départ du Chili, , sous la pluie , comme prévu et que nous avons vécu de loin , sans nous tremper , mais en compatissant ;Pas de possibilité de trouver un refuge, mais les sourires sont toujours de mise .Bravo à vous .
    L’ Argentine vous ouvre grands les bras avec ses paysages toujours aussi superbement décrits et photographiés , et les belles rencontres d’autochtones et de voyageurs, qui partagent votre passion…il faut l’avoir pour rouler sur de telles routes . Félicitations à celle qui est toujours devant , la première au col..
    Merci pour ce merveilleux partage
    On vous embrasse trés fort
    Christian et Janine

  13. Bonjour Fanny, bonjour toute la petite famille,
    Cela faisait un certain temps que je n’avais pas lu vos aventures, du coup j’ai l’impression d’avoir lu plusieurs chapitres d’un grand livre de Voyage !!! Quelle fabuleuse aventure en famille, quelle expérience humaine !!! Bravo à vous 5 et bonne continuation, Karina

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par Anders Noren.

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