Vous prendrez bien une petite tomme!

Notre retour en France a été synonyme de retrouvailles avec les fromages locaux.

Dans les Pyrénées, nous nous régalons et depuis le pays basque, nous goûtons à toutes les variétés de fromages de brebis: affinés, jeunes, matures. On en redemande! Nous savourons chaque tranche offerte souvent, comme nous profitons de chaque instant de ce voyage. Le compte à rebours a commencé. Au début de cet article, à Larrau, il nous reste 21 jours avant le retour… au moment où j’écris ces lignes, plus que 5… entre les deux, le voyage a continué avec comme toujours lenteur et intensité!

Le village de Larrau, lundi 3 août, est bien calme. L’épicerie locale, toujours dans son jus, nous régale de bonnes glaces avant une montée qui s’annonce rude.

Nous croisons un cycliste au long cours, qui a à son actif un certain nombre de kilomètres. C’est toujours l’occasion d’une discussion enrichissante, aussi intense que brève. Chacun reprend sa route et nous attaquons les pentes raides du col de Bagargi.

Après quelques portions à plus de 13%, nous trouvons un replat, surplombant la vallée. Le ciel est bas, mais nous adorons l’endroit, qui respire le calme et la sérénité. De quoi bien récupérer!

On ne traîne pas le matin pour repartir sur ces pentes raides.

Heureusement, après quelques heures de lentes souffrances, nous sommes récompensés par un temps clément et un petit steak frites! Que ça fait du bien! Après tous ces efforts, la vallée d’Iraty est le lieu idéal pour une petite sieste dans l’herbe, bercés par la rivière. Mais il y a encore trop de monde à notre goût et nous nous remettons en route en quête d’un bivouac au calme. Le paysage se transforme peu à peu, devient beaucoup plus sec. La forêt disparaît laissant la place à des collines couvertes d’une herbe dorée et de bruyères violettes. L’ensemble dégage une impression sauvage.

La route facile mais souvent vertigineuse serpente de flanc en flanc. Alors que les arêtes des montagnes s’illuminent sous la lumière de fin d’après midi, notre regard plonge vers de plates vallées verdoyantes. Les contrastes de couleurs et de formes nous interpellent. Pas un arbre en vue, une vraie steppe pyrénéenne. Face à nous, une feuille de chêne, verte tendre et tout en rondeur, semble avoir été sculptée par la nature et le temps.

Nous choisissons de nous perdre sur une petite route à la limite de l’Espagne, quand nous rencontrons Cristi et James, à vélo et originaire des Canaries. Qu’il est bon de reparler espagnol! Manon comble naturellement nos lacunes. Nous échangeons longuement avant de poursuivre nos chemins. Au détour d’un virage, le coin parfait: plat et au bord de l’eau. Notre paradis du soir! On se couche heureux de cette belle journée.

A 7h30, sous une épaisse brume matinale, il fait 5 petits degrés. Dire qu’on avait hésité à laisser nos doudounes aux copains, on est bien contents de les avoir gardées. Heureusement, le soleil d’août dissipe rapidement les nuages et nous profitons pleinement de l’endroit. Baignade, douche, lessive et petit détour par l’Espagne en traversant la rivière! C’est dur de se remettre en route, surtout que ça grimpe bien!

Toujours à notre rythme, nous avançons entre pause déjeuner et pause photos. Nous adorons ce paysage doré, harmonieux et dur à la fois, sans arbre et sans ombre, brûlant sous le soleil. Heureusement, la petite brise est salvatrice et on l’imagine bien forcir la nuit, comme nous en ferons les frais plus tard!

Entre deux virages, nous rencontrons deux cyclistes, Maryse et Gérard. S’en suit une longue discussion: ils sont voyageurs eux aussi, mais sur l’eau et passent 6 mois de l’année à naviguer en Alaska. Ils nous invitent chaleureusement chez eux et nous nous donnons rendez-vous dans quelques jours. Nous avons hâte d’en savoir plus sur leur périple! En attendant, nous terminons la montée du col pour profiter d’une vue splendide au sommet: entre nous et la « plaine » en contrebas, des falaises et des versants bien acérés! C’est magnifique et en plus ça descend.

Nous savourons pleinement cette descente qui passe bien plus rapidement que la montée. C’est grisant de filer cheveux au vent dans ces paysages de montagne. Quelle liberté! On n’oublie pas de s’arrêter à la petite bergerie pour ravitailler en tomme de brebis. Le berger nous parle de ses bêtes en estive mais qu’il traie encore manuellement de décembre à juillet. C’est un passionné et ça se ressent dans son fromage!


Lorsque nous approchons des bords de la Nive, la température a grimpé de quelques degrés. C’est assommant! Alors que l’on évalue la distance restante avant le bivouac, un couple nous interpelle et nous invite à nous rafraîchir au bar de la petite auberge. Sirops et bières seront plus qu’appréciés. Merci à vous les amis pour ces rafraîchissements et ce bel échange!

Nous repartons à l’assaut du deuxième col de la journée mais, il est déjà bien tard et à notre vitesse, les 700 mètres de dénivelé restant sont impossibles à faire avant la nuit. Autour de nous, la forêt est dense et pentue. Seule solution, un replat dans un virage où nous trouvons refuge quand les vaches quittent l’endroit. Autant hier, nous avons bivouaqué dans un endroit de rêve, autant ce soir, c’est un peu râté. C’est ça aussi les aléas du voyage! Néanmoins, nous avons un point d’eau avec une belle rivière serpentant entre des rochers moussus. Les vélos, habillés des gilets jaunes nous protègent pour la nuit, mais nous ne compterons qu’une seule voiture!

Et dès le réveil, matinal pour éviter la chaleur, ça grimpe fort! Nous comptons les épingles à cheveux et parvenons enfin à un plateau karstique et ombragé, idéal pour une longue pause en attendant que la température baisse. Damien part se ravitailler en eau et…. en fromage à la bergerie toute proche, exploitée par une jeune famille. On ne peut acheter que des tommes entières. Tant pis pour le poids dans les sacoches. C’est un tel régal! Je n’oserai pas dévoiler en combien de temps nous l’avons mangée!

Et, palais sensible s’abstenir, lorsque le brebis est épuisé, nous avons toujours en secours une petite boîte de Vache Qui Rit, seul « fromage » toujours frais après 3 semaines dans nos sacoches!

Après quelques lacets encore bien raides, la route, vertigineuse, continue à flanc jusqu’à un col , avant de suivre la ligne de crête. Les montagnes pelées sont coiffées d’une couronne de roches blanches, survolées par de nombreux vautours.

Les troupeaux en liberté complètent ce paysage. Comme eux, nous nous sentons libres ici, et la liberté n’est pas un vain mot sur ces terres. Nous suivons des routes empruntées il y a 75 ans par des résistants et des familles juives, se battant pour leur survie et une France libre. Face à nous, l’Espagne et l’espoir! C’est tout un pan de l’Histoire que nous sentons et dont nous discutons avec les filles. Des stèles de roches brutes sont là pour rappeler ces épisodes si marquants et émouvants.

Après quelques kilomètres de descente, nous trouvons le bivouac idéal pour admirer le coucher du soleil. On se rafraîchit au torrent voisin et c’est tout propres que nous nous préparons au spectacle du soir. C’est notre dernière nuit en altitude et nous la savourons: le disque rougeoyant du soleil descend entre deux pics; nous apprécions le calme du lieu que nous ne partageons qu’avec le troupeau de brebis local.

Nous nous endormons sereins… mais pas pour longtemps. Vers 1h du matin, nous sommes réveillés par une tempête de vent. Nous nous doutions bien qu’au vu du peu d’arbres nous entourant, nous serions soumis aux éléments. Mais, devant la beauté du lieu, nous avons fait taire la petite voix qui nous disait que nous n’étions pas du tout abrités! La tente se soulève sous des bourrasques puissantes, les arceaux souffrent et le vent forcit au fur et à mesure que les heures passent. Au petit matin, c’est en urgence que nous plions le camp, en prenant soin de tout bien tenir. Mais dans la bataille de la nuit, nous perdrons les lunettes d’Héloïse oubliées sur un des sièges du tandem et le paravent du réchaud, tous deux emportés par la force du vent. A quelques kilomètres de Saint-Jean-Pied-de-Port, nous petit-déjeunons à l’abri, sous le regard de dizaines de pèlerins sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle.

Il fait déjà très très chaud et notre seul objectif de la journée sera de trouver ombre et fraîcheur… après avoir fait un plein de courses dans la ville. C’est une cité médiévale qui doit être très jolie, mais que nous fuyons au vu de la foule et du trafic routier. Nous échouons à Saint Jean Le vieux, petit village pittoresque avec un lavoir atypique, en forme de croix, lieu important de rencontres et de discussions du temps de son utilisation…. Et encore aujourd’hui, car le hasard fait bien les choses, et nous y retrouvons Cristi et James, le couple d’espagnols rencontrés quelques jours plus tôt. S’ensuit une après midi de discussions à l’ombre du grand chêne pendant que les filles se baignent dans les eaux rafraîchissantes du lavoir.

Ce n’est donc qu’en début de soirée que nous re-pédalerons: la chaleur est enfin supportable. Rapidement, nous nous posons à Saint-Just-Ibarre près d’une table de pique-nique … et d’un fronton de pelote basque. Ils ont une place très importante dans chaque village. Les filles interprètent les règles à leur façon et se défoulent avec une balle ou à vélo sur ce grand terrain de jeu.

Je ne sais pas si c’est la chaleur, les dizaines de moustiques ou la fête voisine jusque tôt le matin (ou les 3 cumulés!) qui nous auront empêchés de dormir, mais nous nous réveillons tous avec des petits yeux. D’un coup, les bivouacs font moins rêver, n’est -ce pas, entre le vent, la chaleur, le bruit et les insectes!

Nous avalons rapidement le col d’Osquich et prenons une traverse pour descendre vers le petit village de Pagolle. Alors que nous demandons à Marie-Txou, rencontrée par hasard sur la place, un petit coin ombragé pour déjeuner, elle nous invite chez elle, sur sa terrasse.

Nous partageons le déjeuner, et surtout la culture basque. Elle nous initie aux us et coutumes locales. L’identité régionale est très forte ici. Marie-Txou et Alain parlent basque en famille avec leurs enfants dont c’est la langue maternelle. La discussion est passionnante, le fromage local découpé en très fines tranches pour révéler tout ses arômes excellent, et nous ne voyons pas le temps passer. Merci encore pour votre hospitalité et ce si bel échange improvisé!

Nous nous remettons en route pour quelques kilomètres seulement car ce soir, nous sommes attendus dans un hameau voisin par Gérard et Maryse. Ils nous accueillent à bras ouverts dans leur magnifique bergerie retaurée pendant de longues années. La vue à 360 degrés nous donnent une belle image du pays basque intérieur. C’est calme et reposant, ressourçant même. Maryse et Gérard nous chouchoutent et nous nous sentons comme à la maison. C’est agréable de retrouver le confort d’un bon lit et d’une douche chaude. Surtout, nous échangeons longeument sur la vie en général et leur expérience de marins avertis. Ils ont sillonné les mers du monde, ont rejoint deux fois le Spitsberg, ainsi que les terres australes. Nous sommes passionnés! Entre deux étapes, nous nous régalons des bons petits plats maison et les filles en profitent pour les accompagner dans les récoltes de fruits et légumes de leur superbe jardin. Merci infiniment à tous les deux pour ces belles journées et cette étape réconfortante et enrichissante. Cette rencontre restera comme l’une des plus belles du voyage.

Au moment du départ, le coeur serré, ils nous accompagenent à vélo sur les routes de leur belle région! A très bientôt, nous espérons!
Nous nous perdons sur des chemins caillouteux pour éviter les départementales. Cela faisait longtemps que nous n’avions pas poussé nos montures. Ça se sent dans les bras! Nous profitons du charme des petits villages : maisons blanches à colombage, volets rouges, jardins resplendissants.

Ostabat, Lantabat, Iholdy, Isturritz. Les noms basques résonnent et s’égrainent comme les perles d’un chapelet. Les filles ramassent des noisettes au bord des chemins, nous nous gavons de mûres sucrées et juteuses! Que de pauses avons-nous faites à la vue de ronces bien garnies!

Nous enchaînons les montagnes russes pour le plus grand plaisir des filles. C’est grisant mais ça fait mal aux jambes! Une étape à Saint-Martin-d’Arberoue nous permet la visite des grottes d’Isturritz, très intéressantes tant au niveau géologique que préhistorique … et qui ont aussi l’énorme avantage d’offrir une température de 14 degrés pendant 1h!

A Zelai, sur les hauteurs d’Hasparren, nous nous arrêtons longuement pour apprécier un entraînement de pelote basque et le soir, dans le hameau de Lekorne, nous dînons au son des balles rebondissant sur le fronton et des encouragements en basque, tout en sirotant un cidre local concocté à base de pommes 100% basques. Dépaysement garanti!


Pour dormir, nous cherchons toujours à prendre de la hauteur pour profiter des vues sur ces collines basques . C’est ainsi que nous atterrissons près de l’aérodrome d’Itxassou. Nous y rencontrons Monique qui nous invite mardi prochain à goûter son gâteau basque. Le rendez-vous est pris et nous dormirons même chez son voisin normalement lors de notre remontée vers Bayonne, point final de notre périple!

Alors que nous évitons Espelette et ses rues bondées, nous empruntons une piste, et un bout du chemin de Compostelle. Nous serpentons entre les fougères, nous ennivrant de leur odeur. On aperçoit l’océan, petit pincement au coeur, quand nous nous rendons compte que l’objectf est presque atteint et que l’aventure se terminera bientôt!


Devant nous, une bergerie, un grand chêne, un coin plat, une source et une vue à couper le souffle. L’endroit est idéal pour se poser.

Nous y resterons trois nuits, dont la première accompagnée de Lisbeth et de ses deux filles Uta et Ona, randonneuses en herbe et compagnes de jeux des filles.

Nous profitons du calme des lieux, partagés avec un troupeau de chèvres et de chevaux basques, les Pottoks. Leur cloche est d’ailleurs très bruyante la nuit quand ils viennent renifler notre tente! Nous randonnons jusqu’à une chapelle voisine entourée d’un cimetière aux tombes rondes du XVIIème siècle, faisons une belle séance d’école, la dernière du voyage.

A l’heure bleue, dans la vallée, les collines se font douces quand les lumières des villages s’allument une à une.

Nous admirons le coucher du soleil dans ce lieu sauvage, loin de tout, qui nous plaît tant. Il y a en eu beaucoup des lieux comme celui-ci, emprunt de magie à nos yeux, au Chili, en Argentine et en France. Nous nous les remémorons en famille. Allez, il nous reste encore 5 jours pour découvir de nouvelle pépites et faire de belles rencontres! Jusqu’au bout, nous savourons notre aventure familiale!

20 commentaires sur “Vous prendrez bien une petite tomme!

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  1. Superbe aventure pyrénéenne !
    Profitez bien des derniers jours!
    Nous pensons bien à vous en montant en Cévennes rejoindre les Coussy aux Romanesques!
    Nous avons hâte de vous revoir et de revivre vos aventures de vive voix
    À bientôt
    Magali et Xavier

    1. Merci beaucoup à tous les deux. Je crois que les romanesques ont été un bon moment de partage. On a hâte de vous revoir aussi. Bises

  2. Merveilleux parcours au sein des Pyrénées occidentales qui fait écho à tout ce que vous avez vécu,
    rencontres humaines, découvertes géographiques et mémorielles. Merci encore de nous avoir fait partager
    ce morceau d’univers. Grosses bises à tous les 5
    Jean et Denise.

    1. C’est exactement ça ! Les pyrenees ont été une prolongation des Andes !. Merci à vous pour votre fidélité. On vous embrasse fort.

  3. Contente d’avoir de vos nouvelles et… du Pays Basque que j’adore ! Grâce à vous je découvre des coins encore inconnus et de doux souvenirs ressurgissent. Ces rencontres si agréables et enrichissantes ne m’étonnent pas et vos récits les racontent si bien, comme les photos d’ailleurs. Et oui, le pays basque à vélo se mérite ! Un grand bravo à toute la famille ! Alors profitez, profitez, profitez… « ici et maintenant » ; l’après attendra son tour. Belle et bonne route !

    1. Merci merci Chantal. On a adoré le pays basque et tout le reste! Merci à toi pour ta fidélité. A trs bientôt j’espère. Bises

  4. superbe ce descriptif toujours romancé et imaginatif ( les feuilles de chêne) bravo encore pour votre périple et bon retour à la maison bise à vous cinq

    1. Merci Rosy pour tout et ta fidélité. A très bientot j’espère au détour d’une ruelle d’Ille. Bises

  5. Encore bravo , les photos ,les reportages nous enchantent . C’est un roman d’aventures .Quel enrichissement .Francis et Monique

    1. Merci beaucoup Francis et Monique pour votre enthousiasme et votre fidélité. A très bientôt j’espère. On vous embrasse .

  6. Toujours aussi génial de vous lire et profiter de votre aventure 🥰🥰…..profiter à fond de ses derniers jours 😍😍👍

    1. Merci Elizabeth pour votre fidélité et votre enthousiasme. C’est toujours aussi motivant. A très bientôt j’espère.

  7. On l’ attendait avec impatience et on le savoure , on le savoure ….Toutes ces découvertes et ces rencontres si merveilleusement relatées et toujours avec de si belles photos, vont tellement nous manquer .
    Un brin de nostalgie bien compréhensible aprés une telle expérience…mais non ,cette aventure familiale ne se termine pas, elle va continuer sous une autre forme .
    PROFITEZ , PROFITEZ..
    Plein , plein de bisous

    1. Merci maman et papa pour ces mots si justes. Oui, l’aventure continuera autrement. Merci pour tout. On vous embrasse fort.

  8. Hola !!!Happy to know that you are all well and safe in a beautiful place, thank you for keep sharing your adventure. Hug and kisses for everyone.

      1. Hello, we are so glad to hear from you!! You have a particular place in our heart, you are the first of a long list to have invited us. Thank you so much!!! Take care. Hug ans kisses.

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par Anders Noren.

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