Sur un nuage

Dimanche 15 Septembre, nous démarrons tardivement de Cobquecura, prenant le temps d’écrire, de refaire le plein de pain et d’essence pour le réchaud… et d’attendre que la soleil revienne chasser les nuages!

Nous avons décidé de suivre la côte par une piste de terre, enfin plutôt de boue au vue de la pluie du matin.

Quelques lagunes abritent des colonies de cormorans, séchant tranquillement sur des troncs d’arbres secs. Au bout de quelques kilomètres, un pick-up s’arrête à nos côtés et nous interroge sur notre voyage, en anglais. Il s’agit de Paola et Renzo, un couple de chiliens qui a habité de nombreuses années à Los Angeles. Ils nous proposent spontanément et gentiment de nous arrêter chez eux et de planter la tente dans leur jardin à quelques kilomètres de là. Tant pis pour les 30 kilomètres prévus, nous acceptons avec plaisir. Nous prenons un petit chemin sur la droite et arrivons bientôt sur une colline verdoyante surplombant l’océan. La vue est extraordinaire.

Nous installons le campement avant d’aller nous réchauffer dans leur maison. Il s’agit d’une petite cabine nichée dans les eucalyptus, toute en bois, une grande cuisine avec une table centrale en bois de cyprès, prolongée par la chambre. Les nombreuses baies vitrées offrent un point de vue sur la plage en contre-bas. L’ensemble est très cosy et nous nous y sentons tout de suite très bien. C’est surtout grâce à l’accueil si chaleureux de Paola et Renzo, qui nous ouvrent leur maison et leur coeur comme si nous étions de leur famille. Nous discutons autour d’un café, le temps défile.

Nous descendons à la plage admirer le magnifique coucher de soleil, puis partageons ensemble les produits frais de leur région – miel, noix, délicieux pains et fromages – et un plat de spaghettis à la tomate. Quel plaisir de discuter ensemble! Nous échangeons sur les systèmes de fonctionnement du Chili, de la France et des Etats-Unis. Nous parlons voyage puisqu’ils ont rallié Ushuaïa au départ de Los Angeles, en van Westfalia, il y a quelques années avec leurs deux enfants. Les photos du van évoquent à Damien les souvenirs de vacances en famille.

La nuit sera douce après cette soirée si agréable. L’emplacement est stratégique et nous offre d’ailleurs un très beau lever de soleil au petit matin. Nous rejoignons Paola et Renzo qui nous accueillent avec des crêpes maison au miel et à la confiture de lait. Quel régal! Les filles – tout comme nous – les ont tout de suite adoptés et se sentent comme chez elles. Nous ne savons comment les remercier pour leur générosité. Nous leur laissons des dessins et des coquillages glanés le long des plages et leur promettons d’envoyer des nouvelles. C’est avec un pincement au coeur que nous partons, mais nous sommes heureux et remplis de l’énergie positive qu’ils nous ont transmise.

Nous enchaînons les kilomètres doucement mais sûrement. La piste est un enchaînement de bosses, pentues.

Les montagnes russes, plutôt des montagnes rudes ! – Manon

Les montées sont bien raides et les descentes, en gravier ou en tôle ondulée ne nous permettent pas de prendre l’élan nécessaire. On fait des pauses sieste ou cartes avant d’arriver à notre bivouac du soir: un espace de verdure abrité au bord de la plage et d’un petit ruisseau. Le lieu respire le calme et la sérénité. A notre habitude, on se ballade sur la plage, on observe les environs. C’est la première fois que nous n’avons pas froid le soir (on est quand même en doudoune!!) et que nous profitons pleinement du repas (un bon risotto crémeux aux champignons, en mode bivouac!!!).


Après une matinée tranquille, nous remontons en selle. Nous devons trouver de l’eau et on nous a indiqué un petit commerce pour refaire le plein de pain et de produits frais. Une famille nous propose gentiment quelques litres d’eau, tandis que le petit magasin s’avère très peu achallandé en cette saison: un paquet d’Oreo, 5 jus de fruits, un paquet de chips et 4 petits pains. Nous en avions demandé 10, mais on lui a déjà vidé ses réverves familiales!
La portion de route suivante vient d’être refaite, mais seulement en vue d’être groudronnée un jour… Pour le moment, c’est un mélange non tassé de graviers et de sable, et ça grimpe. Le pire pour nous! Nous renonçons à monter en pédalant! Ni à descendre d’ailleurs, c’est bien trop instable. Au détour d’un virage, nous observons le travail de labour des chevaux. Dans cette région, nous voyons énormément de charrues manuelles ou tirées par les animaux, un spectacle dont ne se lassent pas les filles, encore perplexes devant ces pratiques qu’elles pensaient révolues.


Nous sommes en vue de l’embouchure du fleuve Itata et repérons une petite route menant à la mer pour le pique-nique. L’endroit est très paisible encore une fois, même si plusieurs habitations nous entourent. Après le repas, Fanny rencontre Un pêcheur qui s’étonne de ne pas voir notre voiture (ils viennent avec leur 4×4 dans les dunes). Nous expliquons donc notre voyage en vélo. Et nous nous mettons à parler de notre itinéraire.

Il indique que certaines familles ont des bateaux et peuvent nous faire traverser le fleuve. Nous prévoyons de passer la nuit à l’endroit de notre pique-nique et demandons donc l’autorisation à la famille habitant la maison voisine. Aucun problème, nous disent Marta et Rainaldo! Ils viennent d’arriver de Santiago, leur maman et cousins vivant ici. Nous leur demandons aussi conseil pour le bateau. Ils nous répondent que c’est possible, ils en ont un. Nous verrons donc… Nous partons d’ailleurs nous promener vers le fleuve, les dunes sont magnifiques, mais atteindre les rives du fleuve en vélo serait déjà un défi sur la piste sablonneuse. Les eaux calmes de la rivière contrastent avec les vagues de l’océan. La communication entre les deux ne se fait pas sur toute la largeur, mais seulement sur une petite portion où le courant a été plus fort que le sable! Le fleuve est en fait bien plus large que ce que l’on pensait (800 mètres au minimum). Barques, filets et cabanes de pêcheurs donnent aux lieux un cachet particulier.

De retour à la tente, à l’heure du repas, Marta et Rainaldo viennent nous chercher pour partager un « tecito » et la « Once », le repas du soir chilien. Encore une fois, nous sommes accueillis comme des princes. La grand-mère a cuisiné son propre pain et des petites pâtisseries légèrement citronnées et meringuées. Un délice! Ensuite, on nous propose des frites maison avec les pommes de terre du jardin! Les assiettes se vident très vite.


Le lendemain, c’est la fête nationale: maisons et voitures sont décorées de drapeaux chiliens. Le pays est en effervescence. Notre petit coin de campagne reste néanmoins fidèle à lui-même, authentique, calme et reposant. Vers 10h30, alors que nous demandons un peu d’eau, nos voisins nous proposent à nouveau un petit thé et nous invitent à partager leur déjeuner familial dans l’après-midi. Nous acceptons avec grand plaisir. Ici, il n’y a pas vraiment d’eau courante: ils ont une petite citerne qu’un camion vient remplir une fois par semaine. Ils sont en plein travail: hier, ils ont tué un cochon et s’apprêtent à le découper, nous assistons donc aux préparatifs des « asados » (barbecue) des prochains jours.

Le temps de prendre notre thé, la tête trône sur le grill pour être ensuite bouillie afin de préparer du pâté de tête. L’ambiance familiale, les gestes traditionnels répétés, l’importance donnée à la préparation des repas évoque Cubières, le village de la grand-mère de Fanny et les week end de préparation de la charcuterie. Nous proposons notre aide, même si tous semblent bien plus expérimentés que nous!!! D’ailleurs, chacun a une tâche bien précise. Le travail des femmes est plutôt en cuisine; celui des hommes au jardin, au barbecue ou à la confection d’un filet de pêche. Il y a deux familles cousines. Les frères et soeurs se réunissent pour la semaine de vacances autour de la fête nationale et toute la journée, les uns et les autres arrivent de Santiago. Ils nous intègrent comme si nous étions de la famille. Damien part bêcher les pommes de terre, – sa spécialité, c’est bon, la relève de Mémé est assurée! – tandis que les filles et moi participons à la confection des empanadas. La recette nous est transmise par la grand-mère et l’une de ses nièces: farine, lait en poudre, sel, huile, eau bouillante. Il faut ensuite pétrir, et aplanir pour réaliser des petites crêpes à farcir. Il y a deux sortes d’empanadas: au poulet et oignons, ou aux fruits de mer et oignons. Dans chacune, quelques oeufs durs sont incorporés. Nous en salivons d’avance!! Nous nous appliquons toutes les 4 et faisons du mieux que nous pouvons. Les filles se régalent et sont fières qu’on leur fasse confiance pour réaliser ce plat principal.

Sur le grill, dorent les poissons pêchés la veille, une espèce venant de la mer qui remonte le fleuve, un peu comme les saumons. Vers 16h00, la table est dressée dans l’une des cuisines et nous nous réunissons tous dans la bonne humeur et le partage. Tout le monde blague. Tous nous ont adoptés sans se poser de question avec simplicité, générosité et bienveillance. Nous sommes servis comme des rois, soupe, empanadas, poissons, gâteaux. Un festin! Nous ne savons comment les remercier, mais nous aidons comme nous pouvons.
Chacun vaque ensuite à ses occupations. Le soir, alors que nous avons rejoint la tente et que l’on s’apprête à préparer le repas, il commence à crachiner… Ni une ni deux, Hector, l’un des frères vient nous chercher. Ils ne peuvent pas nous laisser dehors avec ce temps. Nous partageons une nouvelle fois la Once, avec une autre partie de la famille. La pluie devient très forte et ils nous proposent même extrêmement gentiment une chambre pour la nuit. Mais nous rejoignons nos pénates, réchauffés par autant de générosité. Le lendemain, après un dernier déjeuner avec eux, où nous avons pu goûté l’excellent pâté de tête, nous leur disons au-revoir, le coeur serré encore une fois, mais riches de tous ces enseignements, ces discussions, ces partages et surtout cette immense générosité qu’ils portent en eux. C’est une famille au grand coeur que nous avons rencontrée. Nous sommes si chanceux! Merci à vous tous, Marta, Rainaldo, Hector et tous les autres!! Marta qui est professeur à Santiago nous propose d’ailleurs d’échanger avec ses élèves. Une excellente idée que l’on mettra en pratique dans les prochaines semaines.

La piste remonte le lit du fleuve Itata. Il y a peu de dénivelé, mais les graviers mettent à mal les jambes de Manon. Nous arrivons à un hameau un peu plus grand, Trehuaco, dans lequel nous profitons des festivités notaionales: musiques, cerf-volants, jeux pour les enfants et completo, sandwich chilien mélange de saucisse, avocat, tomate, mayonnaise et ketchup!!!!

On fait le plein de fromage et de pain et reprenons la route en quête d’un bivouac. Une famille joue aux cerf-volants dans un champ, nous sautons sur l’occasion, aucun problème pour dormir ici. Emilio et Martina, les deux enfants entraînent les filles dans leurs jeux. Et Martina leur offrira même son cerf-volant Licorne! Fanny part chez les propriétaires faire le plein d’eau et en reviens avec 5 bons gâteaux chiliens!!! Quel accueil!!! Ce soir, c’est lessive et toilette obligatoires avec 6 litres d’eau. Ce n’est pas parfait mais on se sent déjà mieux!!

26 commentaires sur “Sur un nuage

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  1. J ai pris beaucoup de plaisir à te lire Fanny et à regarder les photos et vidéos. Que de belles rencontres ! En même temps, en vous croisant on ne ne peut qu avoir envie de partager un peu de notre vie. J attends les prochaines news et je vous souhaite d avoir plein de belles surprises les prochains jours . Bises .

  2. Fanny, tu nous manques à la danse ! 😉 Mais c’est vraiment un plaisir de lire ce carnet de voyage, tu écris et décris tout si bien ! Un récit instructif et tout ce partage fait chaud au coeur… Hâte de lire la suite ! Profitez bien et belle route à vous 5 ☺️ Anne-Lise

    1. Merci Anne-Lise, c’est très gentil. A très bientôt pour un nouvel article à défaut d’être là pour une nouvelle chorégraphie. Plein de bises

  3. Coucou Fanny,

    Merci beaucoup pour ton joli message que Gabriel nous a transmis. Tu nous as bien manqué à la soirée des 10ans. Tu aurais adoré revoir nos anciens élèves, ah que d’émotions !!
    Mais tu es bien mieux là où vous êtes ! C’est toujours un grand plaisir de te lire et de vous suivre dans vos si trépidantes aventures ! Je pense très fort à vous, gros bisous 😘 😘

    1. Coucou Stephanie. Merci beaucoup pour ton gentil message! J’ai bien pensé à vous et oui, ça m’aurait plu de revoir tous nos anciens élèves. J’imagine les émotions suscitées. J’ai adoré ton livre! Plein de bises.

    1. Bonjour jean-Luc, merci! Je t’enverrai la recette !! Et je réponds tardivement à ton précédent commentaire. Ce sera avec grand plaisir que je communiquerai avec les euros . C’est une super idee! On apprendra ensemble !!!

  4. Oh la la, quelle belle aventure! Et ce n’est que le début! Merci de nous faire participer à votre voyage. Une bise à vous tous!
    Sylvie M.

  5. Hi beautiful family, we’re happy to have news from you, and grateful to be part of your beautiful and brave journey. Be safe and keep in touch
    Big hug for the girls <3<3<3

      1. 🤗 happy to share with you our space and time, we really enjoyed your visit, you are welcome anytime, you know where to find us.

  6. Toujours autant un plaisir de vous lire !
    Gabriel nous a bien fait passer ton petit coucou et tu nous as manqué lors de la fête des 10 ans.
    Bravo pour tenir à jour aussi régulièrement votre périple.
    Continuez à nous régaler !
    Jérémie L.

    1. Merci jérémie pour ton message et ces encouragements pour le blog! C’est cool! Bises et à très bientôt pour un nouvel article.

  7. Merci vraiment pour ces nouvelles! super les rencontres, profitez bien de ces moments…même si on l’a compris faut prévoir un voire plusieurs petit tecito ou cafecito dans le planning :-). cela ne se refuse jamais (bienvenue chez les « ch’tilli »). que le vaya bien!

    1. Hola! Tu ne crois pas si bien dire ! Aujourd’hui rebelote, les gens qui nous ont ouvert leur près pour planter la tente juste une nuit… … nous invitent à rester 2 jours, demain c’est l’anniversaire de la grand grand-mère, nous ferons la fête avec eux! Donc zero km au compteur aujourd’hui. A ce rythme, nous atteundrons Puerto Montt à Noël… … 2020😉

  8. Un vrai plaisir de vous lire à chaque fois, vous nous faites voyager avec vous.
    Ici tous se passe bien.
    bises à vous 5 de nous 4.
    Jc, Elsa, Marius et Gabin.

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par Anders Noren.

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