Face aux montagnes…

… Pyrénéennes!!! Eh oui, ça y est, nous sommes arrivés lundi en fin de matinée aux Angles dans les Pyrénées Orientales.

Ce chalet est pour toute la famille synonyme de vacances, de grand air et d’évasion. C’est donc une façon de poursuivre le voyage tout en étant confinés très confortablement. Mais comment est-on arrivé jusque là?

De Buenos Aires, nous ne connaîtrons pas grand chose. Une rapide visite « by night » pour rejoindre l’hôtel, la rue Suipacha pour aller faire quelques courses, toujours masqués, la voie rapide jusqu’à l’aéroport… Nous passons tout notre temps dans notre petite chambre, entre télé et pique-nique improvisés. Et nous sommes en contact très fréquent avec nos familles et surtout avec l’ambassade de France que nous appelons…. matin, midi et soir!!

Le vol du 3 avril est reporté au 4…. Mais toujours pas de confirmation pour nous! Mails non reçus, alors que nos compagnons de galère, Ambre, Antoine, Barbara et Romain que l’on suit depuis Jujuy, ont réceptionné un formulaire à remplir! Les informations sont encore vagues. Ce vol n’est pas commercial, il est organisé directement par la République Française et l’ambassade gère les réservations et les priorités…. Peut-être ne le sommes nous pas, prioritaires? Impossible d’avoir une confirmation écrite, même si Analia, la consul honoraire de Jujuy, nous rassure, nous aide et nous soutient sans conditions. Enfin, vendredi, un membre de l’ambassade de passage à l’hôtel nous confirme que l’on est présent sur la liste des passagers: Manon, Lucie et Héloïse Chandesris, nous dit-il, sont bien sur le vol….. Grand silence, notre cœur s’emballe, nous sommes 5 lui explique-t-on… il ne voit que 3 noms!!! Heureusement, après quelques coups de fil, on peut relâcher la pression, nous sommes tous les 5 confirmés. Mais, ce sera l’ascenseur émotionnel jusqu’au bout, car comme nous, ils ne maîtrisent pas tout. Samedi 4 avril 9h00, nous avons enfin les 5 autorisations de circuler, nous organisons les taxis pour l’aéroport mais ils sont catégoriques. Pas plus de 2 par voiture sinon la police arrête les contrevenants et confisque les véhicules. On sera témoin d’ailleurs sur l’autoroute d’une file de 200 voitures arrêtées et aux portières scotchées. Heureusement, Ambre accepte d’accompagner Manon dans un taxi et les voilà parties en avance, passeport et autorisation en main . Dans ces cas-là, on est content de tous pouvoir communiquer via Whatsapp!!!On passe les contrôles sans problème mais avec toujours un brin d’appréhension avec nos 5 taxis! La présence policière est très forte ici.

A l’aéroport, nous retrouvons avec grand plaisir David et Sébastien, (los solidos sur Facebook) croisés il y a quelques mois à Futaleufu. Leur expérience est rocambolesque, avec intervention d’Interpol! Mais ils sont soulagés d’être là en temps et en heure. Dernière appréhension pour nous: les vélos. Nos copains n’ont aucun doute sur la possibilité de les embarquer. Nous sommes plus pessimistes et enregistrons dans les premiers! Ouf, ça passe à l’enregistrement!

Nous sommes enfin soulagés! Nous profitons alors de l’attente avant l’embarquement pour échanger avec nos amis! Ils ont une parole très juste: « On ne sait pas si on a fait le bon choix, mais en tout cas, il semblerait que l’on ait tous fait le même!! » Ça console un peu!

L’avion affrété pour nous rapatrier est un gigantesque boeing 747, plus tout jeune et rempli au maximum. Nous sommes près de 400! Après des barquettes de lasagnes servies froides, que Lucie trouve « muy rico », les filles s’endorment en quelques minutes.

Les 12h de vol passent rapidement et nous arrivons à Roissy sous un grand soleil printanier. Ici, aucun contrôle, nous récupérons nos vélos, disons au revoir à nos compagnons de voyage avec un pincement au cœur, en espérant se recroiser un jour sur les routes du monde en vélo!

Nous remercions infiniment l’ambassade de France pour sa disponibilité et son écoute, Analia, la consul honoraire de Jujuy pour sa patience et sa bienveillance. Leur action a été formidable et nous nous sommes sentis en confiance à tout moment! Merci aussi à nos familles et amis pour leur soutien et leur écoute, et à nos compagnons de voyage à Buenos Aires!

Prochaine étape: Les Angles dans les Pyrénées Orientales, par la route, avec une halte chez les parents de Fanny pour déposer les cartons. En tout et pour tout, nous aurons 3 contrôles de police , deux en sortie de Paris et un à Clermont Ferrand. Ça sent le printemps et les filles réalisent de petits bouquets pour décorer notre carrosse!

La chaîne des volcans d’Auvergne illuminée par le coucher du soleil nous rappelle ceux que l’on a tant admirés de l’autre côté de l’océan. Petit pincement au coeur! Mais la beauté de la nature et des paysages français nous pousse à positiver! Petite halte au Caylar, pour dormir quelques heures avant que le froid nous réveille! Il fait presque 0°C dehors.

Nous nous remettons en route vers 4h du matin pour débarquer à 7h00, chez Papy et Mamie. Juste un petit « coucou » d’un signe de la main. Dur dur de se voir et de se parler de loin. Nous récupérons notre voiture chargée de victuailles, d’un bon petit déjeuner, de 3 poupées et de loisirs créatifs pour les filles! Nous ne nous éternisons pas pour ne pas faire durer ces retrouvailles masquées qui ont un goût d’inachevé, un mélange de soulagement et d’inquiétudes partagées!

Et c’est parti pour la dernière ligne droite! En changeant de voiture, Héloïse nous demandera: « Est-ce que ce soir on re-dort assis? « …

La nationale pour rejoindre les Angles est fermée depuis janvier suite à un éboulement. Nous empruntons – et nous sommes bien les seuls!! – la magnifique vallée de l’Aude, entre gorges et forêts. Les derniers kilomètres sont interminables. A la porte du chalet, l’émotion est forte. Nous rentrons dans un endroit bien connu que l’on ne pensait pas revoir si tôt. Nous sommes déçus d’être rentrés, contents d’être arrivés, fatigués mais ensemble, qui plus est avec les vélos! Ça, ce sont les états d’âme des adultes! Les filles, elles, font preuve d’une résilience exemplaire et sont juste dans le présent. Bien sûr, elles veulent que le voyage continue, mais, elles sont très bien ici, se régalent – et nous aussi!!!- de la bonne sauce de veau de Mamie, retrouvent leur marque avec une rapidité déconcertante.

Première nuit de 14h00…. on se sent mieux après. Maintenant, notre confinement ressemble aux vôtres avec beaucoup moins de contraintes néanmoins, puisque sans télétravail, entre apéros virtuels, école, jeux, paperasse de retour et balade en forêt… toujours dans un rayon d’un kilomètre, bien sûr!

Nous nous régalons de bons petits plats français et de fromages! Nous admirons le paysage et la chaîne du Cambre d’Aze enneigée face à nous, sous l’éclairage de la pleine lune ou du soleil de fin de journée. Que la France est belle!

Nous continuons surtout à profiter du temps qui nous est offert en famille, en admirant la bagarre de deux écureuils sur le balcon et les biches sous le chalet. Nos souvenirs sud américains sont un moteur pour construire les prochains! Un futur dé-confinement nous permettrait peut-être de boucler la boucle à vélo, il nous reste encore un peu de temps. Il va falloir quand même penser à reprendre une activité physique. En attendant, on reprend un œuf en chocolat et nous vous souhaitons à tous de Joyeuses Pâques!