Nous quittons définitivement les Angles sous un ciel menaçant, direction, l’Ariège puis les Hautes Pyrénées avant de retrouver le Roussillon dans 2 mois et demi en passant par l’Espagne.
En attendant, nous sommes heureux de retrouver l’itinérance, le plaisir des bivouacs sauvages…. et la joie des averses froides!
La pluie nous rattrape en effet avant notre arrivée dans le village de Querigut en Ariège. Nous décidons donc de planter rapidement la tente. Un petit faon, surpris, fait demi-tour devant nous quand il comprend que nous montons le camp.

Le réveil est réglé sur 7 heures mais au vu des pluies de la nuit qui se poursuivent tard dans la matinée, nous restons sagement à l’abri. A la première éclaircie, tout est rangé et nous prenons la route…. équipés de nos gants, bonnets, doudounes et vestes imperméables. Nous n’avons jamais roulé aussi couverts mais le vent est glacial et il fait à peine 10°C à midi. Au lieu de suivre l’itinéraire prévu qui nous amenait à 2400 mètres d’altitude, nous décidons donc de descendre dans la vallée pour gagner quelques degrés. La pluie continue à nous mouiller mais nous espérons sécher plus vite. Nous descendons de magnifiques gorges encaissées, abritant de beaux châteaux cathares. Nous bifurquons rapidement sur le plateau de Sault et ses rondes collines verdoyantes. Les blés ne sont pas encore mûrs et animent le paysage en ondulant au rythme du vent.

Une aire de pique nique à l’entrée du village de Aunat nous accueille pour la nuit. Les nuages noirs nous amènent la pluie mais également un magnifique arc-en-ciel au moment du repas, que nous prendrons sous l’abside de la tente. .

Le matin, alors que nous rangeons tranquillement nos affaires, une dame nous invite chez elle pour prendre un café bien chaud après cette fraîche nuit (3 degrés au réveil). Laurence nous accueille chaleureusement dans sa belle petite maison aux volets verts. Son jardin est une profusion d’odeurs et de couleurs. Les chocolats chauds, les cafés et la générosité de Laurence nous réchauffent le corps et le cœur. Des rencontres spontanées comme nous les aimons, et comme nous en avons tant faites en Amérique du Sud. Nous sommes heureux de revivre de tels moments en France et pendant cette période pas toujours facile pour les contacts humains. Nous repartons le cœur léger et les sacoches un peu plus remplies de chocolats et de biscuits!

Les petites routes de la campagne française sont un régal à vélo: une circulation quasi-inexistante, de doux paysages et du goudron ce qui facilite grandement notre avancée. Nous traversons une multitude de petits villages en pierre bâtis autour de leur belle église. Chacun a un charme et une histoire particulière et nous aimons nous y arrêter pour un goûter ou un pique-nique. Dans chacun d’eux, des fontaines à profusion pour remplir nos gourdes! En revanche, il n’est pas toujours facile de faire des courses dans ces petits bourgs. Pas d’inquiétude néanmoins, nous arrivons toujours à nous ravitailler en pain et fromages locaux.



Ce sont un peu les montagnes russes par ici. Une belle descente dans des des gorges escarpées puis nous grimpons doucement mais sûrement le col des 7 frères, direction le petit village de Camurac. Au bord d’un petit étang, les filles jouent avec les têtards, fort nombreux – et qui n’avaient rien demandé – de et nous passons une belle soirée télé dans la tente alors que la pluie se remet à tomber….



Nous attaquons la journée par un nouveau petit col, celui de Marmare, qui nous permet de déboucher sur la vallée d’Ax-les-Thermes et de Luzenac, capitale mondiale du talc. Nous empruntons un itinéraire magnifique, la route des corniches. Si la première partie se fait sous un sous-bois de hêtres magnifiques, la suite se passe en corniche avec des vues spectaculaires sur les montagnes alentours et les villages accrochés aux flancs des collines.



Ce soir, nous sommes attendus et surtout chaleureusement accueillis au village de Bouan, par Jérôme, Bergamote et Noah, 3 ans (du réseau Warmshower). Ils sont rentrés en mars d’un voyage au long cours à vélo en Asie. Autant vous dire que nous avons bien parlé voyage autour du délicieux repas qu’ils nous avaient concocté. Nous apprécions à sa juste valeur le lit douillet et la douche chaude. Les enfants jouent gaiement et enchaînent les tours de vélo sur la place du village. Ils nous font découvrir les environs, notamment une grotte fortifiée, Spoulgass, à l’origine de nombreuses légendes.

Nous aimons tant ces partages et nous nous sentons vraiment bien avec eux, parlant de tout, de rien, de nos expériences diverses et variées. Ils ont à leur actif de nombreux voyages et expéditions, et une belle philosophie de vie. C’est encore une chouette rencontre et de bien belles personnes. Après deux nuits réparatrices, nous repartons en nous disant à bientôt sur les chemins de France et d’ailleurs.

Nous évitons le plus possible la nationale pour rejoindre Tarascon sur Ariège et bifurquons vers la vallée de Vicdessos, direction Auzat. C’est une montée tranquille! Mais le ciel est toujours couvert et menaçant. Nous envisageons une randonnée-bivouac aux étangs de Bassiès sur le GR10. Mais le temps n’est pas de la partie. Alors que nous demandons au centre équestre proche du départ de la rando de laisser les vélos pendant deux jours, une énorme averse nous mouille jusqu’aux os. Edith, voyageuse aguerrie à cheval, nous propose de nous mettre à l’abri pour la nuit dans une salle chauffée par une grande cheminée. Nous discutons longuement de leur traversée vers la Roumanie avec 4 grandes mules… et de fil en aiguille Edith nous invite à boire un verre, puis à dîner, et nous propose même un gîte et des lits douillets pour les prochaines nuits. Pendant que nous discutons longuement avec Edith et Alexandre, les filles jouent et s’entendent à merveille avec les enfants Ozalice, Eniska et Maikan. Nous goûtons le lait de chèvre frais et le délicieux fromage de chèvre de leur élevage. Et nous en apprenons davantage sur le monde des chevaux, que nous ne connaissons pas du tout.


Dimanche matin, nous laissons nos affaires au centre équestre et partons pour une rando de deux jours aux lacs de Bassiès. 950 mètres de dénivellé nous attendent d’abord dans une forêt de bouleaux, puis à découvert dans un goulot de roches granitiques.




Les 3 lacs en étage se laissent deviner sur le replat. Enfin nous les découvrons entourés d’éboulis et de sommets aiguisés. Nous avançons au milieu de tourbières et de rhododendrons en fleurs. Nous avalons rapidement un pique-nique à 15h00 mais on ne traîne pas car il fait froid et nous avons aussi un autre petit souci à régler: Gadoue, la chienne patou d’Edith et Alexandre, nous a suivis toute la rando. Nous avons manqué de fermeté au début pour la renvoyer chez elle, et maintenant elle est trop loin de la ferme. Nous devons avertir rapidement Edith et Alexandre et pour cela rejoindre le refuge. Gadoue devient donc pour deux jours notre fidèle compagnon. Elle est très douce et sage, même lorsqu’on doit la prendre en laisse à l’approche du refuge, domaine d’un troupeau de brebis. La pauvre semble un peu perdue, mais les filles se chargent de le rassurer et de la cajoler.


Après avoir monté la tente sur une éponge végétale, nous nous réchauffons dans la salle commune du refuge autour d’une bonne soupe. Gadoue ne nous quitte pas des yeux…. Elle dormira bien au sec (mais attachée, la pauvre) dans le hall… pendant que des pluies diluviennes s’abattront une bonne partie de la nuit sur la fine toile de tente. Néanmoins, pas de dégâts au réveil, nous sommes relativement secs. Et Manon qui s’exclame: ” Il n’a pas plu, non? Je n’ai rien entendu cette nuit!” A se demander si nous avons dormi au même endroit!


Le temps de retrouver Gadoue et d’avaler un bon petit déjeuner et la brume matinale se lève. Les herbes scintillent de mille gouttelettes. Les méandres de la rivière brillent sous le soleil naissant. Les lacs se confondent avec le ciel et les montagnes tant leurs eaux immobiles reflètent le décor environnant. Petit moment de plénitude dans ce cirque aussi hostile qu’accueillant!


La descente se fait par le chemin pavé des mules. Chaque pas doit être réfléchi car c’est très glissant. Les sacs se font lourds sur le dos. Et nous arrivons bien fatigués chez Edith et Alexandre, soulagés de retrouver Gadoue.
Au vu de la météo du lendemain, Edith et Alexandre nous invitent à rester à l’abri une journée de plus. Encore une belle soirée tous ensemble!
Et en effet le lendemain, la pluie est toujours bien présente. Les filles en profitent pour s’occuper des poneys sous les conseils avertis de Ozalice l’aînée de la famille. Elles sont heureuses d’en apprendre davantage sur les chevaux et sur la façon dont on s’en occupe: brossage, nettoyage, dressage. Damien et moi faisons de notre mieux pour aider à nettoyer les écuries. En fin de journée, les enfants font un tour de poney et se régalent de partager ce moment avec Ozalice, Eniska et Maikan. Nous rencontrons également Eric et Emilie, amis d’Edith et Alexandre et voyageurs à vélos également… et partageons encore de bons repas et de bons moments. Le lendemain, c’est le coeur serré que nous disons au revoir à toute la famille. Nous repartons enrichis de leur générosité et inspirés par cette rencontre. Merci à vous pour votre accueil spontané si chaleureux. Nous vous sommes extrêmement reconnaissants, les amis!



Nous ravitaillons à Auzat et l’apicultrice du village, admiratrive devant les enfants, nous offre sucettes et pain d’épice au miel. De quoi nous donner des forces pour le col à venir, le Port de Lers! Nous grimpons progressivement, nous abritant parfois sous les arbres lorsque les averses sont trop fortes. Peu à peu, la forêt laisse la place aux prés d’estive et aux cascades assourdissantes. Il faut dire que la région ne manque pas d’eau. Quelques tâches jaunes et roses sur les hauteurs trahissent la présence de genêts et de rhododendrons. Des vaches paissent tranquillement. Un petit veau tête même sa maman au milieu de la route, à peine perturbé par notre présence silencieuse.


C’est à fond les ballons après une belle descente que nous parvenons à l’étang de Lers. Les roches alentours sont d’un noir profond contrastant particulièrement avec la verdure de la mousse et des sapins. Alors que nous cherchons un bivouac, quatre cyclistes nous interpellent. Ils rejoignent Biarritz en 13 jours. Au bout de quelques minutes, un déclic a lieu. Nous reconnaissons Sébastien rencontré début Janvier sur la Carreterra Austral. Nous allions alors en sens inverse mais avions échangé nos numéros après une longue discussion à l’ombre d’un arbre. On n’imaginait pas le retrouver sur les routes de l’Ariège! On se raconte naturellement nos aventures respectives.

Mais il est temps de monter le camp car la pluie, toujours elle, nous poursuit et ne nous laissera aucun répit. En quelques secondes nous sommes trempés…. Impossible de cuisiner à l’extérieur, nous mangerons froid en nous remémorant tous les bons moments de cette dernière semaine. Nous avons l’impression d’avoir repris la route il y a des mois…. ou plutôt de ne l’avoir jamais quittée.

Au réveil, chaussures et vestes sont tellement détrempées, que nous décidons de rester à l’abri pour cette nouvelle journée de pluie: lecture, école, un peu de cuisine pendant l’éclaircie et jeux de cartes. Au crépuscule, la brume disparaît presque et c’est le soleil qui nous réveillera. Que c’est bon de sentir sa chaleur! On est prêt pour la suite!

C est vraiment chouette, toutes ces rencontres qui enrichissent votre aventure !
Un vrai bonheur en effet!
Voilà, ça y est, nous sommes de nouveau totalement dépaysés par le récit de vos aventures!
C’est formidable, mais que d’eau mes amis, vous allez devenir insubmersibles !!!
Bonne continuation, encore merci et gros bisous à vous 5
Denise et Jean
Merci! Nous sommes repartis de plus belle, mais en effet, l’humidité nous poursuit! Plein de bises
Toujours aussi passionnant et bien écrit
Merci beaucoup! A très bientôt pour la suite.