Sur la piste des palmiers de cire

Filandia, Salento, vallée de la Carbonera et palmiers de cire. Tout un programme qui nous conduit à Cajamarca, où nous sommes restés plus longtemps que prévu. On vous explique pourquoi!

De Altagracia, la route serpente entre champs de café, de bananiers et pâturages. On voit tout en vert ici !! Couleur de l’espérance qui se marie bien avec l’histoire de la Colombie!!   Le cœur serré d’avoir quitté nos amis, chacun médite sur les 10 jours qui viennent de s’écouler.

Nous profitons aussi des superbes petits villages aux maisons colorées et aux larges coursives extérieures qui servent autant à se protéger de la pluie que du soleil. On adore! Arabia et India, loin des circuits touristiques, nous enchantent. Filandia aussi avec sa belle procession du vendredi saint et la reconstitution historique du chemin de croix de Jesus, un événement culturel et religieux depuis 110 ans ici. Dans l’église, une scène toute en hauteur et en escaliers, symbolisant le Golgotha, a remplacé le retable et les acteurs aux costumes travaillés jouent les scènes ultimes de la vie de Jésus. L’église est pleine, le parvis aussi. Le soleil est de la partie et les Colombiens sortent leur indispensable parapluie/parasol ! On pique nique sur la place avant de prendre la route de Salento. Le trafic est intense et pour une fois, on double les voitures à l’arrêt !! Pendant ces 3 jours, nous trouvons des petits campings, où nous sommes parfois complètement seuls et parfois entourés de Colombiens en vacances pendant cette semaine sainte… pour la plus grande joie de Lucie et Héloïse qui y trouvent de supers compagnons de jeux. Pendant ce temps, Manon discute avec les adultes ou fait des plans pour revenir travailler dans le café de Léo et Catalina dans quelques années !! Entre soirée chamallows grillés avec les enfants rencontrés ou apéro cacahuètes en famille devant le coucher de soleil, nous savourons chacun de ces moments, pleins de rires et complicité.

Notre objectif: rejoindre le village de Toche au fond de la vallée de la Carbonera, beaucoup plus préservée que sa voisine, la Cocora. On attaque la montée très boueuse paraît-il par endroits. En effet, on patauge gaiement dans la gadoue bien épaisse mais très vite, la piste ombragée et sèche serpente entre pins et eucalyptus. Malgré la pente, elle reste plus agréable que difficile. Un bon pique nique sur un lit d’aiguilles de pins, et ça repart ! Tout près du sommet, nous avons repéré une ancienne école abandonnée qui pourrait nous servir de refuge en cas d’orages. Nous y parvenons en même temps qu’une tempête de vent. La vue y est spectaculaire, dans une lumière d’éclairs sur fond de nuages noirs. Sous nos pieds, nous reconnaissons l’ondulation verdoyante des côteaux que nous avons suivis tout au long de la journée, plus loin les lignes sombres d’autres montagnes sculptent l’horizon. La tente, vite montée devant le portail de l’école, est un abri bien apprécié, où on joue et où on dîne très tôt. Nous espérons que les arceaux tiendront!!

Au petit matin, Héloïse dresse le bilan de la nuit:

« – pas d’orages, pas de glissement de terrain, pas d’éruption volcanique, la vie est belle!

« – et en plus on a des céréales au petit déjeuner ! » ajoute Lucie.

Sur ces belles paroles, nous terminons notre ascension jusqu’au col de La Lineas et nous plongeons dans les forêts de palmiers de cire.

Waouhhh!!! C’est spectaculaire. Ces palmiers sont les plus hauts du monde, entre 60 et 100m et surtout poussent a des altitudes supérieures à 3000 m. Leur nom vient de la pâte issue de leur fruit qui sert à la fabrication des bougies. Parfois de grandes forêts couvrent les flancs des montagnes, parfois, c’est seuls qu’ils s’élancent vers le ciel au milieu de la prairie. Ce sont les plus beaux et pourtant les plus menacés. Isolés les uns des autres, ils ne peuvent se reproduire et meurent doucement. Les troncs blancs de ces arbres centenaires tranchent avec le vert quasi fluorescent des pâturages, tandis que leur feuillage d’un vert argenté s’agite doucement dans le vent. Halte photos à chaque virage surtout que le temps est plutôt dégagé, chose assez rare ici pour être mentionnée. Nous n’aurons qu’une averse alors qu’on s’arrête boire une Agua panela dans une petite gargote. Elle tombait bien celle-là!! La descente est très technique, pour le plus grand plaisir de Lucie et Manon qui s’en donnent à coeur joie.

Le tout petit village de Toche nous accueille avec une arepa délicieuse sur la place. Une colombienne s’affaire à les faire cuire sur un barbecue maison et nous ne sommes pas les seuls à les apprécier. Cela semble être le point de rendez vous des villageois pour la collation de l’après midi. On en profite pour échanger quelques mots avec les enfants à vélo eux aussi sans frein mais avec des bottes ou des sandales qui s’usent un peu plus à chaque nouvelle descente.

On nous a conseillé un petit endroit pour camper autour d’un jacuzzi d’eaux thermales alimentées par le volcan Machin tout proche. Et nous y restons 2 nuits. Le lieu très calme en bord de rivière est tenu par la chouette famille d’Arlegy. Nous l’aidons à « écosser » du maïs pour la soupe du midi. Nous profitons du bain, de ses tasses de lait frais, du petit village aux maisons colorées, de son épicerie qui fait aussi office d’abattoir et de boucherie, de ses arepas et de la quiétude des lieux. Le jour du départ nous mettons le réveil a 5h30 pour accompagner Arlegy traire les vaches. Après quelques conseils, nous parvenons à récupérer un peu de lait. Nous nous sentons bien gauches avec nos mains et nos habitudes de citadins!!

Forts de cette nouvelle expérience, nous nous lançons dans la derniere montée avant Cajamarca toujours sur une belle  » trocha » qu’il faut traduire par « piste de graviers, de pierres ou de boue au choix »! A notre gauche, de l’autre côté de la vallée, le volcan Machin cache bien son jeu et ressemble à toutes les autres collines. C’est pourtant l’un des plus dangereux de Colombie avec son caractère explosif! Nous nous élevons doucement sur des côteaux toujours aussi pentus et pourtant cultivés: champs de haricots rouges, d’arracachas (tubercules proches de la pomme de terre), café et avocatiers. Nous rentrons dans l’un des greniers à grains de la Colombie. Lorsqu’on se penche pour observer la vallée, les pentes sont telles qu’on ne voit que le toit en tôle rouge des maisons accrochées sur les quelques petits plateaux de ces zones. Ce n’est d’ailleurs pas si facile de trouver un petit coin de pique nique plat et à l’ombre. On s’installe en bord de route qui n’est vraiment pas passante de toute façon…. C’est surtout parce quelle est coupée en aval par des travaux, comme nous le découvrons quelques instants plus tard. Une énorme tranchée empêche le passage! On décharge les vélos, on descend avec les sacoches dans le champ de café en s’accrochant aux branches pour éviter de dégringoler. Pauvre plan de café! Les ouvriers font une chaîne humaine pour faire passer les vélos et l’affaire est pliée en 20 minutes!!

A nous Cajamarca, sa boulangerie, ses petits pains chauds et ses jus frais. Nous devons y retrouver Logan du réseau Warmshower. Il s’avère en fait que nous le connaissons déjà. Nous l’avons croisé sur les pentes du Nevado Ruiz voilà 3 semaines, alors qu’il revenait d’un périple de plusieurs centaines de kilomètres en vélo. On avait échangé quelques mots et une photo. Et nous voilà maintenant chez lui et sa famille. Nous nous y sentons tellement bien que nous y resterons 5 jours. Nous logeons chez Logan et Liz sa sœur, dans leur appartement qui domine la petite ville. Lida, la maman de Logan, habite juste à côté avec sa maman. Comme une véritable mamie, elle nous dorlote, nous chouchoute et nous cuisine de bons petits plats et des jus sensationnels. Nous profitons de ces moments de pause, et de cette chaleur humaine que cette belle famille dispense à profusion. Nous discutons aussi énormément et en apprenons un peu plus sur l’histoire mouvementée de la Colombie: les années de la Violencia, qui ont cédé la place à des périodes encore plus noires avec l’émergence des guérillas, des para-militaires et des narcotrafiquants, les campagnes étant le lieu des plus grands massacres, tout cela sous fond de corruption… Les accords de paix de 2016 offrent une respiration à cette population habituée à la violence et pourtant si douce et accueillante. La résilience, c’est peut être le mot de la victoire.

Nous profitons aussi de cette pause pour amener les filles au parc du café, LE parc d’attraction de la Colombie, à deux heures de bus de Cajamarca. Il n’y a presque personne et nous profitons à fond des attractions sensationnelles (montagnes russes, tour infernale) et des spectacles de danses locales, applaudis par un public principalement colombien et fier de l’être ! Super journée ou nous étions 5 enfants sur les manèges.

Nous nous plaisons avec Lida, Logan et Liz et restons finalement un jour de plus. Cajamarca est une ville à notre taille que nous apprécions de plus en plus. Nous en profitons pour déguster une Lechona, sorte de cochon fourré au maïs, un délice que les Colombiens du Tolima apprécient au petit déjeuner le dimanche matin sur la place. Sur le marché, on nous offre empanadas et fruits frais. Nous nous imprégnons de l’ambiance locale, des costumes du dimanche des hommes: pantalon, chemise, chapeau et poncho savamment plié sur l’épaule, sans oublier le lasso et la machette. Lida nous offrira d’ailleurs de superbes chapeaux locaux.

Nous randonnons avec Liz jusqu’à la cascade de Chorros Blancos, une belle excursion au calme, entre petits sentiers sauvages, canyons et eaux tumultueuses!

Nous étudions aussi l’itinéraire des prochains jours. On adore chercher des petites routes et on souhaite rester un peu plus dans les montagnes. Logan est un grand voyageur, avec à son actif 3 ans en vélo en Amerique du Sud et de nombreux périples en Colombie. Son parcours est une fois de plus inspirant. Il est de bon conseil, connait parfaitement la region et aime autant que nous se projeter sur une carte.

Alors c’est décidé, nous repartons, toujours avec ce même pincement au cœur quand il s’agit de dire au revoir à nos amis et à cette famille au grand cœur. Merci pour tout et à bientôt en France, Logan!!

Nous allons tenter de rejoindre San Antonio par un nouveau paramo, et une route au cœur de la cordillere centrale. La suite au prochain village !!

20 commentaires sur “Sur la piste des palmiers de cire

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  1. Vous êtes comme des aimants et vous rencontrez toujours les bonnes personnes pour vous accueillir et vous faire partager l’amour de leur pays.
    Quelle belle leçon de vie pour les filles !

  2. en effet toujours un régal de vous lire !!!
    merci pour ce partage
    rencontres enrichissantes, vos récits, vos expériences ,quel merveilleux voyage !!

  3. Merci de partager ces belles expériences. Nous ne ratons aucune de vos publications. Bonne route!

  4. Bonjour les Lamas !!! Quelle bouffée d’air sain et vivifiant que de lire vos tribulations ! Je vois grandir les filles sur les photos, quelles belles expériences ! Ici les cyclistes vont tous se mesurer au Ventoux, tête baissée et mollets rasés sans même regarder le paysage. Je vous envoie des bouffées de lilas et quelques clochettes de muguet ;))

  5. Des palmiers grand comme chez nous! incroyable. Quel accueil ils vous reservent a chaque fois les colombiens ! c est chouette. Bonne route a vous et prudence dans la boue. bises

    1. On se serait presque cru chez vous! Les Colombiens nous temoignent chaque jour leur generosite et la boue nous colle bien aux roues. Bises

  6. Vos photos sont magnifiques ! Et on lit le récit comme si on volait au-dessus des routes avec vous. J’adore vos sacs. Quelle chaleur et générosité chez tous ces gens que vous rencontrez ! Et que d’aventures pour vous les filles, que vous semblez toujours vivre avec sourires et sérénité. Génial de grandir en partageant toutes ces expériences et ces enseignements ! un abrazo a todos (je suis allée voir sur reverso ce que ça voulait dire…)

  7. Excelente travesía, nos encanta saber que van muy bien.. por aquí encantados de recibir el apoyo de la mejor ayudante de cocina y mesa .Manon.
    A todos un abrazo bien fuerte

Répondre à FannyAnnuler la réponse.

par Anders Noren.

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