Chimborazo, y mucho mas…



Apres deux nuits au même endroit, nous avons bien éparpillé toutes nos affaires et avons du mal à quitter notre lit ou plutôt notre cuisine douillette. Mais nous sommes bien reposés pour partir à l’assaut de la boucle du Chimborazo, le plus haut volcan de l’Equateur.

Pour éviter la panaméricaine, nous empruntons une petit route parallèle cheminant au milieu de grands champs de brocoli, montant et descendant au gré des canyons naturels. Le temps est couvert, les températures restent fraîches mais le vent s’est calmé. Nous déjeunons sur la place du village de Cusubamba. Ici, les places sont clôturées mais toujours mignonettes.

Nous n’irons pas beaucoup plus loin et nous arrêtons sur un grand terrain de foot avec vue sur le Cotopaxi, quand il n’y a pas de nuages. Nous en profitons pour faire une belle séance d’école et d’EPS avec renforcement musculaire. Alors que nous finissons de dîner, Gustavo qui rentre du travail s’approche et nous discutons un moment. Il est le président du stade et regrette de ne pas être arrivé plus tôt pour nous inviter chez lui. Nous le rassurons, nous sommes très bien sur le stade. Quelques minutes plus tard, il revient avec un pot à lait rempli d’une soupe à l’odeur sucrée et alléchante. Il s’agit du Sambo, une crème de potiron à la panela et au lait. Héloïse et moi adorons comme dessert, les autres sont plus mitigés sur le goût. Au petit matin, Gustavo vient nous inviter pour le petit déjeuner. Sa femme et lui sont aux petits soins et s’excusent encore une fois de ne pas nous avoir hébergés. On a dû avoir si froid…. Ils habitent une petite maison toute simple avec un unique point d’eau, un feu de bois et une gazinière. Pendant que nous discutons autour d’un délicieux chocolat chaud avec le lait de leurs vaches, leur fille les appelle… Elle a entrepris le long voyage clandestin vers les Etats-Unis et ils attendaient des nouvelles depuis un moment… C’est très émouvant… Arrivée à Mexico city de nuit, à pied et dans le froid, elle attend de pouvoir voyager plus au nord et de passer la frontière tant idéalisée. Sa maman, comme toute maman, s’inquiète de savoir si elle mange à sa faim et si elle a des couvertures… tous les voyages ne se ressemblent pas, nous n’avons pas tous à faire les mêmes choix de survie et de liberté… Cette rencontre, ce moment d’échange surpris entre une fille et ses parents nous ont vraiment touchés et remués… Nous apprendrons quelques jours plus tard qu’elle ne peut pas encore passer la frontière et qu’elle attend dans la capitale mexicaine…

La route qui nous mène à Ambato devient de plus en plus passante et polluée. Nous ne savons pas si c’est à cause de l’altitude ou de l’âge des camions, mais leur fumée nous paraît beaucoup plus noire, polluante et suffocante. Leurs pots d’échappement sont un enfer pour nous. Nous nous échappons rapidement (enfin à notre rythme, quoi ! ) de cette pollution pour s’engager dans une petite vallée tranquille et verdoyante le long de la rivière Ambato. Ce soir, c’est dans le jardin de Cathy que nous campons. Il y a un terrain de foot, qu’elle loue à l’occasion, et elle nous y accueille généreusement. Elle nous fait visiter sa belle maison en construction. Pour l’instant, elle habite une petite cabane au fond d’un jardin envahi de citrouilles, qu’elle partage avec sa fille et sa petite-fille Milena. Cette dernière s’en donne d’ailleurs à cœur joie avec nos filles. Elles nous offrent un bon repas et une tisane pour nous réchauffer. La température est plutôt agréable ici, il y a même des moustiques, alors que nous sommes à plus de 2500 mètres ! Après une bonne nuit, nous nous disons au revoir autour d’un chocolat enrichi de céréales pour nous donner de l’énergie !

La route serpente dans la vallée très encaissée. Certains flancs semblent coupés à la machette. Sur leur monture, les filles se racontent des histoires, jouent, se créent leur monde. La pente toute douce est idéale. Nous profitons de longues pauses de midi champêtres et de petits coins de bivouacs bien agréables, avec source d’eau et rivière pour la toilette du soir. Un pick-up s’arrête. C’est un vendeur ambulant de bonbons ! Il nous a vu monter et nous en offre deux paquets ! Il est content du sourire des filles, ravies de ces futurs “coups de pouce ” pour d’éventuels “coup de mous” . Une fermière amène ses vaches dans le pré d’à côté à la tombée de la nuit et les premiers rayons de soleil la surprennent en train de les traire. Dur labeur des campagnes dans ces zones reculées et avec le minimum de modernité ! Nous suivons d’ailleurs le chemin de la lechera, le camion collecteur de lait. Les pots de lait frais balisent notre route.

Nous progressons doucement vers le Chimborazo, nous l’attendons au tournant quand c’est lui qui nous surprend un peu plus au sud encadré de nuages et tout de blanc vêtu. En chemin, nous croisons des thermes. Malgré une petite hésitation car il n’est pas si facile de penser à se baigner quand il fait si froid dehors, nous nous y arrêtons et c’est avec délice que nous profitons des eaux chaudes. Il n’y a presque personne, que des locaux, dont beaucoup de personnes en habits traditionnels, qui découvrent aussi le plaisir de ces eaux. C’est assez atypique !

La vallée s’élargit peu à peu… le Chimborazo dans toute sa splendeur nous fait face. Waouhhh ! il est impressionnant avec son manteau immaculé de neiges éternelles. Même à cette distance, elles nous éblouissent. Nous ne le quittons pas de yeux de peur qu’il disparaisse derrière les nappes de nuages qui vont et viennent au gré des vents, toujours assez forts, il faut le dire et jamais de dos, évidemment ! Dans un petite lit de rivière, bien abrité de pins, nous trouvons le coin parfait, entouré de canyons de sable, de montagnes arides et du Chimborazo, juste au dessus qui veille. Héloïse se baigne dans la rivière. Un feu nous réchauffe. Nous nous endormons sous une voûte étoilée pour nous réveiller sous un dôme de glace. Il a fait très froid cette nuit, tout est gelé, le paysage désolé nous réchauffe de ses teintes ocres et de ses premiers chants d’oiseaux. C’est fou comme tout s’éteint dans la nuit pour renaître chaque matin.

Quelques tours de roues nous mènent au cœur d’un désert de roches volcaniques grises. A perte de vue, nous nous enivrons de ce paysage dur, solitaire, monochrome. Quelques touffes d’herbes et nos premières vigognes (aperçues par Héloïse comme toujours, notre œil de lynx ! ). Quel bonheur de retrouver ces camélidés si gracieux! Les souvenirs de l’Altiplano Argentin remontent en chacun de nous 5.

Des troupeaux paissent tranquillement, d’autres courent ! Une vigogne a repéré un petit coin de sable et s’évertue à le creuser de ses sabots pour s’y installer confortablement. Nous nous arrêtons longuement pour contempler ces petits moments de vie sauvage.

On y rencontre aussi Oscar, un cyclo français.
“Il n’y a que des familles françaises qui voyagent à vélo”, nous dit-il, “j’ai croisé il y a quelques mois une autre famille française au Mexique!”.
Drôle de coïncidence, il s’agit en fait de NOTRE famille. C’était Marion, la sœur de Damien, Fabien et les cousins, parcourant l’Amérique Centrale en vélo. Le monde cyclo est petit mais tout le monde ne va pas à la même vitesse !

Nous nous engageons sur la piste du refuge pour nous trouver un endroit sauvage pour la nuit, un peu à l’abri d’une colline entre deux tas de crottes des vigognes. Vigognes qui surgissent soudain devant nous dans un galop sauvage et élancé ! Le Chimborazo est là, dans sa robe de lave noire et rouge, crevassé par endroit par les éruptions successives, coiffé de neige depuis qu’elles ont cessé. Il nous domine, nous impressionne, nous subjugue. Nous nous sentons bien, à notre place, dans cette immensité montagnarde. Nous profitons des derniers rayons de soleil entre lecture et écriture. Les mouvements de brume, parfois ascendante, l’instant d’après descendante, sont inspirants. Quand notre bout de nez commence à geler, c’est le signal ! Nous levons la tête, le Chimborazo a été englouti dans la masse cotonneuse. La tente est vite montée, le repas préparé pour essayer de dîner avant les premières gelées. Dans les derniers souffles de vent, le volcan se découvre à nouveau pour narguer les premières étoiles. Instant magique de complète symbiose avec la nature. Il n’y a pas un bruit ici, pas de chant d’oiseau. Un calme minéral que vient troubler nos conversations animées et très poétiques : “Il faut faire la vaisselle ! Où est ma brosse à dent ? J’ai un peu froid ! Normal, il fait 0°C. Mettez une polaire dans le duvet ! On va dormir avec le filtre à eau pour éviter qu’il gèle ! “

Au réveil, un nuage rosé illumine le Chimborazo. La nuit a été encore une fois glaciale mais bonne dans l’ensemble. Petite insomnie pour moi et Lucie, peut être à cause de l’altitude. Nous sommes quand même à plus 4400 mètres d’altitude. Le géant, ce coquin, nous cache le soleil, tant espéré pour gagner quelques degrés et faire fondre la glace de la tente. Enfin, les premiers rayons salvateurs ! En contrebas, une mer de nuages envahit la vallée, quelques dômes verdoyants arrivant encore à surnager. Plus pour longtemps! La brume va vite! Juste le temps de tout replier et elle nous enveloppe dans notre course pour rejoindre la piste et la route. La morsure du froid est piquante, les mains serrées sur les freins, gelées… Vite, descendre pour se réchauffer et en même temps, notre regard continue de s’accrocher aux dernières images de vigognes, dans une atmosphère cotonneuse de fin du monde où le volcan apparaît et disparaît, chaque fois plus un peu plus mystérieux.

Nous dévalons la pente quittant les étendues sableuses pour retrouver des pâturages. Après une pause soupe chaude bien méritée, et quelques kilomètres sur la route panaméricaine bien désagréable dans les pots d’échappement, nous rejoignons la lagune de Colta. Ses rives herbeuses nous attendaient ! C’était sans compter sur l’orage qui vient contrecarrer nos plans. Nous nous abritons sous la coursive d’une école abandonnée depuis belle lurette, laissant les éclairs zébrer le ciel obscur. “Ce n’est qu’un orage, ça va passer !”, dit-on aux filles. Deux heures plus tard, il faut se rendre à l’évidence, la pluie est maintenant installée et l’herbe détrempée. Les salles de classe sont vraiment trop sales pour qu’on s’y installe. Damien part à la recherche d’un toit et revient en sauveur. Une sorte de coopérative locale nous prête une salle pour la nuit. Ouf ! Nous sommes soulagés de ne pas monter la tente dans ces conditions et de pourvoir manger au sec !

Nous empruntons une petite route de campagne, qui monte doucement sur les hauteurs, entre hameaux, et champs cultivés. Sur ses bords, de nombreux animaux sont accrochés à des piquets : des ânes qui henissent bruyamment à notre passage et de nombreux cochons noirs, qui grognent, se roulent dans la poussière ou ronflent, faisant fi de nos montures. Ils sont élevés pour leur graisse, utilisée dans la fabrication des pains locaux. Seuls les plus gros cochons blancs sont destinés à la consommation de leur viande. L’habitat est toujours très sommaire, des maisonnettes de briques ou de torchis, une petite fenêtre, un toit brinquebalant…

Les communautés au bord de la lagune semblaient d’ailleurs à moitié à l’abandon. Tout cela contraste fortement avec les infrastructures locales: routes secondaires goudronnées, éclairage public et arrêts de bus en inox…. Certains murs de maison repeints en blanc servent de propagande électorale. On peut y lire, peint à la main en bleu ou rouge “Vota 66” ou “Vota 12”, qui doivent correspondre à des numéros de listes, avec le dessin du profil du candidat.

Sous les rayons du soleil, les champs de terre noire fument d’évaporation de l’humidité du sol. On dirait que la campagne est en feu ! Nous découvrons le quinoa, plante très haute, verte, jaune ou rosée selon son degré de maturité. Cela donne des champs bigarrés et joyeux. Et au milieu, toujours ces points de couleurs vives qui se déhanchent, les jupes des équatoriennes, turquoise, fushia, rouge. Et leur chapeau noir sur la tête ou depuis quelques jours, bien rond, blanc et à pompons !

Des pick-up, vendeurs de glace ambulants, nous doublent au son de leur sono vantant leur produit dont sont si friands les équatoriens. Les filles reprennent à tue-tête leurs slogans entêtants: “Ya llegaron los helados, disfruten de nuestros productos, tenemos muchos sabores, fresa, limon y MUCHO MAS “….

Nous filons jusqu’à Guamote où un embouteillage stoppe notre élan. Mais que se passe-t-il? C’est jour de féria, de marché ! Et quel marché ! Les rues débordent de stands en tout genre, de vendeurs ambulants. Ca crie, ça chante, ça rie ! Quelle vie après la tranquillité des montagnes et le côté ville fantôme des autres bourgades traversées ! Pas facile de s’y faufiler avec nos vélos chargés, sur des pavés, qui plus est. Alors, vite, on les pose à l’hôtel et hop, direction le bain de foule ! A nous, empanadas frites, bolon au fromage (écrasé de banane plantain verte), sandwich de confitures de figues confites.

Nous nous laissons porter par l’ambiance festive et authentique de ce marché. Les femmes rivalisent d’élégance dans leur habit traditionnel : jupe courte colorée et festonnée, rehaussée d’un châle assorti, ou jupe longue et noire avec une large ceinture, une blouse brodée et un collier de perles assorti. Au pied, d’élégantes espadrilles, des ballerines, ou pour quelques unes, des baskets Nike ! Toutes ont un chapeau, qu’elles choisissent consciencieusement sur le stand approprié, avant d’essayer une nouvelle ceinture brodée, dans la rue suivante dédiée à cet accessoire. Grand-mères, femmes, jeunes filles ou enfants, toutes portent ici fièrement la tenue locale. Nous adorons !

Et au milieu de toute cette foule, quelques-uns vendent 3 tubes de dentifrice, 5 rouleaux de papier toilette, 1 roue de vélo. Nous sommes les seuls Gringos, comme ils nous appellent. En Colombie, seuls les américains étaient des gringos. Ici, nous le sommes tous, avec notre peau blanche et nos cheveux clairs. Nous discutons avec plusieurs familles qui s’extasient d’ailleurs devant leur couleur ! Nous passons un excellent moment immergés dans la culture andine. La feria hebdomadaire de Guamote est en fait l’une des plus importantes du canton. On y vient de loin, dans des pick-up surchargés pour vendre, acheter, échanger ou passer un bon moment en famille.

Damien est particulièrement doué pour nous trouver des itinéraires adaptés à nos envies et à nos possibilités ! Nous essayons d’éviter la panaméricaine et son trafic, ainsi que les pistes trop cassantes, idéales pour les vélos peu chargés. Et voilà comment nous nous retrouvons encore une fois sur une petite route de campagne goudronnée, à l’écart des circuits classiques, et encore une fois superbe. Après un premier bivouac dans une forêt d’eucalyptus, nous bifurquons vers des dunes de sable. Un panneau écrit à la main les indique à 2 km… Mais l’idée ne fait pas l’unanimité… et ni le cœur ni l’ambiance ne sont de la partie… Alors quand au bout de 3 km, la route descend vers la vallée, nous promettant une dure remontée, nous faisons demi-tour. Chacun avance de son côté pour effacer ce différend familial et ce détour de 6 km. Une broutille ! Mais quand la journée en compte 10, ca fait quand même plus de la moitié !

L’étape sera en fait beaucoup plus longue cette fois-ci, et nous ne regrettons pas d’avoir préféré avancer ! A midi, dans un hameau plus ou moins abandonné, “-Ah, non, tiens, il y a une “tienda” (épicerie) “- , nous sommes interviewés par le parti politique de l’ancien président Rafael Correa. Ils nous interrogent sur les infrastructures touristiques du pays et tentent d’orienter mes réponses. Je joue le jeu mais répond subtilement (enfin, autant que mon espagnol me le permet !) à leurs questions pour donner mon véritable point de vue.

Les collines alentour, couvertes de cultures différentes, forment un jeu de Tetris coloré, un damier inextricable jaune, vert ou doré, les filles s’amusant à deviner quelles céréales ou quels légumes y poussent. Nous avançons paisiblement au gré de nos “Buenas tardes” aux locaux regroupés, ici pour un tournoi de foot, là pour un match d’Ecuavolley. C’est d’ailleurs en regardant l’un d’entre eux que nous décidons de demander à y camper. Ces terrains ont l’énorme avantage d’être couverts. Et comme le plafond nuageux est très bas ces derniers jours, nous nous méfions.

C’est que depuis quelques kilomètres, le relief a changé. La route à flanc de colline est à pic et l’épais brouillard qui nous enveloppe et nous masque la vue rend le tout encore plus vertigineux. Alors que nous nous installons, Victor, l’un des joueurs, nous amène une assiette fumante de fèves et de pomme de terre et une tisane à la mandarine. Il a peur que nous ayons froid et que les petites aient faim. Nous le remercions chaleureusement et nous régalons avant de partager avec lui notre quinoa aux petits pois. Il possède quelques vaches, et un jardin où il cultive de quoi nourrir sa famille. Heureux papa de 2 enfants, sa femme est prête à accoucher.


Le lendemain, pendant que nous discutons avec lui de l’école et du dernier éboulement de la panaméricaine, les chiens errants, nombreux ici, dévorent le pain de notre déjeuner. Heureusement que le prochain village n’est pas loin! Le dimanche doit être jour de lessive, les tissus colorés sèchent au vent sur les toits inachevés ou au milieu des cochons.

Après une belle descente vers un canyon, Sibambe est en vue. Nous y arrivons à 11h00. Début de la messe, à laquelle nous assistons avec Héloïse. Pendant ce temps, Damien, Manon et Lucie dégotent une couturière pour réparer la fermeture éclair de la tente. En trois coups de ciseaux, Margarita condamne l’ancienne et nous fabrique une ouverture style tente canadienne!! On a hâte de tester. Mais pas ce soir, car sur ses conseils, nous avons frappé au couvent et la mère Lucie nous a ouvert les portes d’une chambre au chaud. Nous passons l’après-midi dans la quiétude de ce lieu. Les sœurs sont discrètes mais nous amènent comme collation du soir une spécialité locale à base de banane plantain et de lait, la culucha (petit doute sur le nom…), avec des biscuits. Nous ne sommes pas vraiment rassasiés mais n’osons évidemment pas allumer notre réchaud. Nous discutons longuement avec les sœurs, curieuses de la situation en France et de la place des religions. Sujet philosophique et ô combien intéressant. Pendant ce temps, les filles jouent avec leur petit caniche qui finira par dormir avec nous…. Ici, il y a vraiment les “chiens des villes” et les “chiens des champs”!!

Nous repartons encore une fois les sacoches pleines de victuailles pour une descente vertigineuse de 1500 mètres. En bas, la chaleur nous surprend et nous suons à grosses gouttes dans la remontée. Un premier étage qui passe tout seul… un deuxième plus laborieux pour arriver au hameau de La Victoria. Encore un terrain de jeu couvert, idéal pour le pique nique, pendant lequel, comme hier, le brouillard nous enveloppe. Alberto, le local de l’étape, nous informe que notre projet de rejoindre la panaméricaine à Compud est irréalisable: ” No hay paso!! “. Alors on décide de s’attarder ici, dans ce petit coin tranquille. Pendant que les filles se penchent sur leur cahier, Alberto m’appelle: ” Viens t’asseoir à côte de moi discuter un peu.” Et nous voilà partis pour un bon moment entre gastronomies équatorienne et française, les saisons et la géographie de notre pays. C’est agréable de partager ces petits bouts de vie simples. Et alors que je termine ce cours d’espagnol immersif, nous sommes invités à jouer au foot par les voisins. Un famille joyeuse, qui joue très très bien, les hommes comme les femmes, et qui rigole tout le temps. Leur joie est communicative. Qu’est ce qu’on s’amuse!! “C’était vraiment génial” concluront les filles affamées. Nous nous endormons rapidement dans notre tente stylisée et maintes fois réparée au doux son de la mélopée de l’ivrogne du village, venu “squatter” notre dortoir.


Au programme du jour, de la montée et encore de la montée ! Et les sacoches gourmandement alourdies d’avocats et de granadillas du jardin d’Alberto. On se régale de ces saveurs tropicales, notamment de ce fruit de la famille des fruits de la passion mais plus doux et sucré.

Impossible d’éviter la panaméricaine sur ce tronçon. Et ce sera finalement une belle surprise. La route est tranquille, les alentours superbes, avec ces montagnes pentues plongeant dans une mer de nuage, qui en cache une autre, à quelques encablures. A vol d’oiseau, nous sommes tout proches de l’océan!! Une belle averse vient tremper la tente qui surnage dans une flaque sur un terrain cimenté (deuxième fois que l’on se fait avoir). Alors qu’on a tout transféré sous l’étroit porche de l’église, le ciel se dégage et c’est une pluie d’étoiles qui nous tombe dessus. Le dîner est joyeux et nous rigolons beaucoup ce soir. Nous ne sommes pas des voisins très silencieux et la petite famille qui vit dans la maison voisine nous apporte du cochon confit dé-li-cieux. Leur logis est vraiment tout petit et simple et partager ainsi leur repas est encore une fois une marque d’hospitalité qui nous touche.


Une dernière longue journée sur la panaméricaine, une “fritada” de cochon à midi, pendant que la cuisinière découpe sous nos yeux une deuxième bête, et nous sommes à El Tambo pour un repos de 3 nuits bien mérité!! On se sent bien ici!!

8 commentaires sur “Chimborazo, y mucho mas…

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  1. Récit vivant. Merci Fanny.
    Belles photos à l’appui. Merci Damien.
    Quelle symbiose !
    Et avec vos filles qui profitent et partagent toutes vos valeurs, vous formez une belle famille de gringos….

  2. Un récit toujours captivant ( sans oublier les magnifiques photos ) qui décrit cette campagne andine profonde , et ô combien émouvant devant vos rencontres et l’ angoisse des parents et enfants à l’ avenir si incertain .
    Merci de ces leçons de vie partagées et Bravo pour votre courage .
    On vous embrasse fort .

  3. Toujours aussi passionnant 🤩j’adore une des photos (laquelle ?)
    Et vous avez l’art de revisiter les lois de la probabilité des rencontres.
    On vous embrasse très fort

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par Anders Noren.

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