Toujours un peu plus à l’Ouest!

Les nouvelles sont un peu rares et nous nous en excusons…

mais nous trouvions plus facilement du Wi-Fi sur les places des petits villages andins que sur celles de l’Ariège ou des Hautes Pyrénées. Nous poursuivons notre traversée des Pyrénées entre nuages et soleil, cols et rencontres…

De l’étang de Lers, nos roues nous entraînent sur les pentes du col de l’Agnes, qui nous offre un panaroma exceptionnel sur les montagnes escarpetées du massif du Garbet. L’étang du même nom se laisse deviner sur un replat face à nous, entre deux cascades vrombissantes. Nous gardons cette randonnée en tête pour une prochaine escapade en Ariège. Nous dévalons le col côté Aulus-les-Bains le long de la rivière aux eaux cristallines et turquoises. La route nous offre de la lecture, entre les encouragements aux coureurs du Tour de France des années passées et les revendications anti-ours. Il faut dire que le meurtre d’un ours dans une vallée voisine défraye la chronique. Pause pique nique gastronomique puis bivouac tranquille près du petit lac d’Ercé, d’où nous visitons le calvaire tout proche et papotons avec les villageois en balade.

Le col de la Core et ses 1000 mètres de dénivelé nous attendent en ce samedi ensoleillé. Les villages pyrénéens nous enchantent avec leurs églises, leur château et leurs ruelles fleuries.

La montée est progressive entre les prés du début et les champs de fougères de plus haute altitude. Les pauses fréquentes nous permettent de récupérer et d’atteindre en quelques heures le haut du col et ses pâturages ras. Le ciel s’est chargé de nuages et les sommets sont cachés mais nous sommes fiers de notre mini exploit familial.

Nous redescendons bien vite pour nous réchauffer et planter la tente près du lac de Bethmale. Encaissé dans un écrin de verdure, ce petit étang aux eaux lumineuses et turquoises semble tout droit sorti d’un décor du Seigneur des Anneaux, tant l’atmosphère est féerique et irréelle.

Dimanche 21 Juin: c’est la fête des Papas et l’anniversaire de Damien. Double ration de bisous pour lui. Le piton rocheux qui nous surplombe se découvre par intermittence.

Nous traînons dans ce lieu paisible et décidons de rester pique-niquer. Trois couples d’amis viennent s’installer à nos côtés. Avec une grande générosité, ils partagent leur excellent repas. Et Lucie de dire: « grâce à vous, notre pique-nique 2 étoiles se transforme en un 4 étoiles ». En effet, nous nous régalons d’un pâté de cerf maison, d’une délicieuse salade de riz, de saucisses et d’un gâteau d’anniversaire maison lui aussi à l’ananas. Surtout, quel plaisir d’échanger longuement avec eux. Merci Guy et toute l’équipe pour votre grand cœur et votre générosité qui a embelli cette journée de fête!

Nous repartons de plus belle vers Castillon, le long d’une belle vallée aux maisons de pierres et aux facades crenelées.

Mais nous bifurquons bien vite vers une vallée étroite pour éviter la circulation de cette fin de dimanche. La route empruntée grimpe bien plus que prévu et nous arrivons en nage dans le village de Salsein. Pas un bout de champ plat à l’horizon. Nous demandons aux villageois qui nous indiquent le terrain d’une ancienne scierie dans le hameau voisin. L’endroit est idéal, tout au bout de la route, au bord d’une rivière bienvenue pour une toilette intégrale. On aura du mal à décoller de ce nouveau « chez nous » le lendemain!

Nous continuons néanmoins la route avec pour objectif notre rendez vous avec Elise et Pablo du réseau Warmshower mercredi soir. En chemin, nous faisons nos « courses » chez un agriculteur qui laisse à disposition ses sacs de courgettes et de pommes de terre contre une participation dans sa boîte aux lettres. A Saint Lary, charmant petit village au clocher resplendissant, nous demandons encore une fois un lieu plat et Gérard nous ouvrira sa cour intérieure à l’abri de l’humidité. Nous discutons longuement avec cet enfant du pays et le remercions pour son accueil.

Le col d’Aspet nous offre de belles vues sur Saint Lary et les collines alentours. Heureusement que nous l’avons gravi dans ce sens, car la descente est vertigineuse, dans une forêt de hêtre et de buis, complètement ravagé par la « pyrale du buis ». Cela lui donne une atmosphère de forêt hantée avec ses branches nues et blanches comme des spectres. Arrivés en bas du Cagire, la montagne célèbre de la région, encore aucune possibilité de camper…. Mais le hasard fait bien les choses. Je sonne à la porte d’une maison. C’est chez Manuela et Julien, qui nous offrent leur jardin en bord de rivière…. et un très bon moment autour d’une bière et de délicieuses pizzas. Cyclistes et voyageurs, ils reviennent d’un périple en Europe qui les a menés jusqu’en Grèce. Nous échangeons longuement sur leurs métiers, passionnants, et leur savoir faire (Julien est bardelier… à vos recherches!), ils ont construit de leur main leur maison et nous admirons leur belle philosophie de vie. Encore une fois, nous ne pouvons que les remercier du fond du cœur pour leur accueil spontané et généreux!

Le col d’Ares est avalé en quelques coups de pédales et nous nous prélassons au bord d’un lac aux eaux rafrachissantes en cette journée de canicule. L’air embaume les fleurs de sureau et de tilleul. 37°C… ça faisait longtemps!

Le soir, nous apprécions le confort retrouvé chez Elise et Pablo, jeune couple dynamique franco-argentin! Nous discutons autour d’un délicieux plat de lasagnes, de l’Argentine bien sûr, de leur traversée des Amériques en vélo, de nos randonnées pyrénéennes, de la vie à la française et à l’Argentine. Ils habitent un havre de paix aux jardins verdoyants dans un petit village.

Nous ne voyons pas le temps passer et profitons d’eux une soirée supplémentaire autour d’un repas que nous leur avons concocté. Merci à vous deux pour tous ces bons moments passés, votre bonne humeur communicative et votre généreux accueil! Au plaisir de se revoir à Assas ou lors d’un prochain périple vélo!

Sous un beau soleil, nous reprenons la route le long d’une voie verte. Ça sent bon le foin fraîchement fauché! Direction, le village de Saint Bertrand de Cominges, le Mont Saint Michel des Pyrénées et c’est une Bretonne qui nous l’a dit!

Sur des vestiges antiques, perchée n haut d’une colline, la cathédrale Sainte Marie domine le village aux maisons à colombages.

Sa tour carrée, massive et de style roman contraste avec un intérieur tout en finesse gothique. L’orgue en angle, perché sur 5 colonnes de chêne, nous a particulièrement impressionnés, ainsi que l’intérieur en bois finement sculpté, destiné aux chanoines. Sans parler du bâton pastoral, l’Alicorne, soit disant une corne de licorne, mais en réalité celle d’un narval!

A quelques kilomètres, nous improvisons un bon goûter le long d’un champ: nos premières mûres, bien juteuses mais encore un peu acides. Nous en faisons un véritable festin avant de nous installer dans le champ voisin avec l’accord du sympathique agriculteur. Nous faisons bien attention à ne pas monter la tente sous le seul arbre du pré au vu des nuages noirs et menaçants annonciateurs d’orages. Et nous n’y couperons pas: nous assistons à un véritable son et lumière, un peu inquiets, Fanny ayant bien transmis son angoisse des orages aux filles. Nous apprendrons le lendemain par « RadioPotinsVillages » que 10 vaches abritées sous un arbre ont été foudroyées à quelques kilomètres de là…. Brrrr…. Après cette tempête, nous profitons d’un autre spectacle : le ciel chargé de nuages rebondis et noirs ressemblent à ceux des peintures baroques des cathédrales italiennes. Peut-être un ange va-t-il s’en échapper?… Les arbres s’éclairent de l’intérieur, le ciel se teinte d’un bleu clair et pur, tandis que les nuages s’embrasent…

Le lendemain, nous avons prévu la visite des grottes préhistoriques de Gargas. Elles sont célèbres pour leurs mains peintes il y a 25 000 ans. On peut en compter plus de 250… Mais toute photo est interdite afin de préserver ces trésors qui ont survécu jusqu’à nous. Nous plongeons dans l’histoire émettant toute sorte d’hypothèses quant à la signification des dessins peints, souvent des chevaux ou des rennes, et de leur positionnement: servaient-ils seulement à laisser des messages pour d’autres tribus ou bien revêtaient-ils un caractère plus spirituel? Autant de questions sans réponses mais qui laissent libre cours à notre imagination!

Après quelques heures, nous refaisons surface en Juin 2020 et remontons sur nos « bolides » modernes pour une ascension à 4km/heure dans la vallée de Nistos. La chaleur bien lourde nous prédit encore de beaux orages ce soir. Heureusement, on nous indique un petit coin plat derrière un ancien moulin à l’abandon. Au moins, nous aurons un abri au cas où!

En ce moment, la pince à tiques est notre meilleure amie: nous les chassons quotidiennement tant elles sont envahissantes. La nuit est calme mais le réveil se fait sous un crachin bien pénétrant. Nous décidons de rester une nuit de plus pour attendre une probable éclaircie. Un peu d’école dans ce lieu insolite, beaucoup de jeux entre rivières et champs, de la lecture aussi et l’après midi est bien avancée quand Adèle, accompagnée de ses deux derniers enfants Félix et Maël vient à notre rencontre sur cette route de bout de monde. Nous engageons la conversation et au bout de quelques minutes et en toute simplicité, Adèle nous invite à dîner et à rencontrer toute sa tribu, 8 enfants au total, dont encore 5 à la maison. Tous ensemble, nous préparons un bon repas, pendant que les enfants s’en donnent à coeur joie sur les trampolines. La soirée défile et nous ne lassons pas d’échanger avec Adèle et David. Quelle belle rencontre une fois de plus! Quelle belle famille généreuse et ouverte! Merci pour votre bel accueil! Nous en ressortons toujours grandis.

Le lendemain, le temps est toujours humide mais nous décidons quand même de nous remettre en route en prenant une route forestière privée. Flavien qui habite un peu plus loin sur la route nous a d’ailleurs prêté un laisser passer au cas où… et nous a invités à profiter de sa terrasse en son absence. La montée, très rude au départ, oblige Fanny et Lucie à pousser sur les premiers kilomètres au cœur d’une végétation luxuriante. Ce ne sont pas les premières pluies de la saison!!!

La pente redevenue raisonnable permet une belle ascension rapide dans une forêt dense de feuillus puis de sapins, en corniche, avec une vue magnifique… sur une brume bien épaisse que les vélos semblent transpercer. Parfois, le dernier équipage ne devine même pas la tête du peloton pourtant pas si lointaine.

Nous sommes trempés quand nous atteignons le col de l’Estivère… et remontons la tente déjà mouillée…. Que d’eau, que d’eau! Et le comble, c’est que nous sommes à cours d’eau potable!
Pas de café du matin, mais une vue magnifique sur les montagnes découvertes et dominant une mer de nuages parsemées d’îlots . Nous profitons pleinement des rayons du soleil salvateur.

Nous prenons notre temps avant de redescendre dans la brume, mais il nous faut ravitailler, ce qui n’est pas si simple dans ces petits villages isolés. Nous sommes sauvés par notre ange gardien du jour, 82 ans, en pleine forme, qui amènera Damien en voiture dans la ville voisine pour un bon remplissage des sacoches!
Nous nous poserons tardivement au bord de l’Arros dans la vallée des Baronnies. Nous nous baignons dans la rivière, et nous rassasions d’un bon aligot saucisse avant l’orage rituel du soir!

Les jours suivants sont bien humides. Au col des Palomières, malgré nos efforts sur une piste bien pentue, la vue ne se dégagera pas et nous démarrons la journée sous la pluie.

Une étape gastronomique à Bagnères-de-Bigorre nous permet de récupérer avant de rejoindre le village d’Ossun-ez-Angles où une aire de pique nique toute neuve sera l’endroit idéal pour installer le campement et nous sécher comme nous pouvons.

Un autre soleil nous attend. En effet, nous retrouvons nos familles dans les prochains jours et sommes impatients de ces retrouvailles que ce soit après quelques semaines ou quelques mois. Nous pourrons ainsi écrire une nouvelle page de cette aventure en famille!

17 commentaires sur “Toujours un peu plus à l’Ouest!

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  1. Magnifique ! et que de sommets et cols durement gagnés ! vous lire est toujours aussi raffraîchissant et enthousiasmant. Merci de nous faire découvrir ces coins et recoins du « bout du monde » et si près de chez nous. Les images sont superbes. Bravo à tous les cinq et… Bonne route !

  2. merci pour votre récit toujours palpitant, les tiques, les orages, ne vous découragent pas , bonne continuation , au fait le bardelier je suppose que son travail est plus passionnant que le bardage des volailles et des rôtis sur les toits?

  3. C est toujours un grand plaisir de vous lire les amis. Les paysages les rencontres j adore.
    Gros bisous et profitez de nos belles montagnes.

  4. Merci pour la découverte de nos belles  » montagnes Pyrénées » ! Vous avez fait des rencontres magnifiques, mais avez essuyé comme partout des trombes et seaux d’eau Bon courage pour la suite qui devrait être plus caniculaire !!!
    Bisous, Denise et Jean.

  5. Bravo pour votre liberté, votre légèreté, votre enthousiasme, votre partage d’aventures et de Vie, … Merci ! Et bonne continuation…

  6. Récits et photos toujours aussi passionnants !!!!! toujours un plaisir de vous suivre !!!! Grand merci pour ce partage et bravo pour toutes ces aventures !!

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par Anders Noren.

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