Des débuts prometteurs en Equateur


Voila déjà quelques semaines que nous découvrons l’Equateur à vélo et en voiture avec mes parents qui nous ont rejoints pour notre plus grand bonheur. Nous vous racontons nos premières impressions, dans ce pays qui a quelques points communs avec la Colombie mais qui nous a deja montré son caractère propre.


Nous traversons le pont international avec un pincement au coeur et un mélange d’excitation à l’idée de découvrir un nouveau pays. Nous essuyons une averse mémorable et arrivons détrempés au poste frontière. Nous y sommes seuls et la sortie comme l’entrée sont une formalité. Une carte sim en poche et nos derniers pesos colombiens échangés, nous continuons sur une route plate au milieu de la jungle.
Il fait 40 degrés dehors et dans nos corps. Les filles et moi sommes bien malades, mais nous continuons vaillamment pour atteindre la grande ville de Lago Agrio et nous éloigner de la zone frontalière. Ce trajet se fera en silence, nous économisons nos forces et sommes concentrés sur chaque coup de pédale.
Après 50 kilomètres, nous trouvons rapidement un hôtel, un médecin (bronchite générale) et nous abandonnons aux bras de Morphée. Lucie plafonne à plus de 40 de fièvre. Nous y resterons 2 nuits pour récupérer, avant de prendre un bus (dans lequel les vélos sont chargés sans hésitation) pour nous rapprocher de Quito et accueillir en temps et en heure Papy et Mamie.


Quand nous descendons du bus à Papallacta, nous avons l’impression d’être débarqués dans une station de ski hors saison. Les lettres peintes de la ville (présentes dans toutes les villes d’Amérique du Sud) sont ornées de montagnes et de neige. Presque tout est fermé… sauf une auberge dans laquelle nous nous refugions pour poursuivre notre convalescence au chaud! C’est qu’en 6 heures de bus et 300km, nous avons atteint 3200 mètres!!


Nous profiterons d’une randonnée humide dans une lande dorée, herbeuse et spongieuse. Lacs et cascades ajoutent une touche mystique à ces paysages dignes du Seigneur des Anneaux. Nous passerons ensuite l’après-midi à buller dans les bains chauds devant le volcan Antisana, qui se découvre peu à peu… pas de photo, trop occupés que nous étions à barboter dans les eaux brûlantes.


Le lendemain, nous nous sentons bien plus en forme et nous découvrons une belle piste cyclable le long de la route presque déserte…. 1000 mètres de dénivelé pour un col à 4060 mètres. Entre deux quintes de toux, nous tentons de respirer !! La végétation est minimaliste, principalement des touffes d’herbe épaisse et piquante. Des sommets sombres nous surplombent. Nous prenons la pleine mesure de la réputation montagneuse de l’Equateur! La descente est à l’image de la montée. Pas un coup de pédale dans ce couloir naturel entouré de falaises ! Et nous voilà à Tumbaco, en banlieue de Quito.

Nous sommes accueillis comme des amis par Santiago dans sa “casa de ciclista”, ouverte depuis 30 ans. La maison familiale est un havre de paix au charme fou, dont chaque parcelle raconte une histoire, celle de la famille de Santiago mêlée a celles des centaines de cyclovoyageurs qui sont passés entre ses murs. Nous adorons! Santiago et le lieu lui même sont tellement inspirants. De quoi nous donner des idées pour la suite! Nous y rencontrons, Tadej de Slovénie, Brian du Guatemala et Andres de Colombie. Entre école, atelier bracelets et discussions animées, nous nous organisons pour les prochaines semaines sans les vélos, que nous laisserons ici.


Samedi 27 mai, c’est un grand jour. Nous serrons dans nos bras papy et mamie. Que d’émotions!!! Nous avons tant à nous raconter.
Nous avons une semaine pour découvrir les alentours de la capitale. Alors c’est parti dès dimanche pour un bain de foule à Quito. La capitale, construite dans une étroite vallée, étend ses tentacules jusque sur ses flancs. Les maisons colorées y dessinent un damier pastel. Première vision et premier plongeon dans l’ambiance sud américaine!


Le centre historique, inscrit au patrimoine mondial de l’humanité, regorge d’églises, de couvents, de places et de maisons coloniales colorées. Nous nous laissons porter par nos pas et nos discussions. A chaque coin de rue, un vendeur ambulant propose à renfort de cris et d’odeurs plus ou moins alléchantes, churros, saucisses grillées, glaces ou… écharpes en merinos. Nous sommes habitués à cette vie fourmillante typique des villes sud américaines, mais c’est très dépaysant pour mes parents… pour nous aussi, d’ailleurs, car ici les femmes arborent les tenues traditionnelles andines: jupes courtes à volants, chemisiers brodés et chapeau de feutre dont dépasse une longue tresse noire. Sur le dos, enveloppé d’un tissu savamment noué, un bébé ou un chargement! La rue est un spectacle à elle toute seule dont nous nous imprégnons au gré de nos déambulations.

Pour prendre un peu de hauteur, nous grimpons sur les coupoles peintes de mosaïques de la cathédrale métropolitaine, de style gothique-medujar à l’influence mauresque. En contrebas, nous proviennent de la place les discours enflammés d’un prédicateur ou celui plus loufoque d’un clown. Nous admirons les couleurs de fin de journée sur la ville, qui nous a charmés!


Nous y reviendrons à deux reprises pour apprécier le couvent San Francisco, plus grand centre religieux architectural sud américain et la basilique del Voto National, édifice monumental et d’un style totalement opposé. L’un nous offre la douceur de ces 13 cloîtres et ses vues sur les toits de tuiles et les terrasses environnantes. Il aurait été bâti sur un ancien temple inca. Sa façade richement travaillée mais rabaissée suite au tremblement de terre de 1868, est d’ailleurs ornée de symboles incas pour inciter les indigènes à se convertir à la religion catholique. Nous découvrons l’ancienne brasserie du temps où la bière, moins onéreuse que l’eau, était l’unique boisson produite et consommée par les moines. La basilique quant à elle, nous impressionne par la hauteur de sa voûte, ses vitraux colorés contrastant avec ses pierres grises et sa petite chapelle, plus intimiste et fraîchement fleurie. Construite à partir de 1892 selon les plans de l’ architecte français Joseph Emile Tarlier, elle est le plus grand édifice neogothique d’Amérique latine et serait inspirée de Notre Dame de Paris.

Nous faisons découvrir à mes parents l’un de nos endroits préférés des villes: le marché. Nous y déjeunons d’une soupe de poisson et d’un plat de poulet et de riz dans une ambiance animée on ne peut plus locale. Nous sommes les seuls Européens et ne passons pas inapercus!


Quito est cernée de montagnes et de volcans. Un petit tour en télécabine et nous voici à 4000 mètres au pied du Pichincha. Nous retrouvons une végétation rase, preuve dun climat rude, à la fois humide et brûlant. Nous nous envolons en balançoire au dessus de Quito!! La vue n’est pas dégagée et nous ne pouvons pas admirer le Cotopaxi ou l’Antisana mais profitons de cette expérience en haute altitude!!

Nous ne pouvions pas rater la Mitad del Mundo et la célèbre ligne de l’équateur. Un petit musée permet de réaliser des expériences mettant en évidence les effets des hémisphères: l’eau d’un évier ne se vide pas dans le même sens d’un côté ou de l’autre de la ligne! Du haut du monument séparant le monde, nous découvrons encore de nouveaux volcans, cônes parfaits, capturant la lumière du soir.

Les jours suivants seront consacrés à la randonnée. Nous logeons à La Merced, petite banlieue rurale de Quito. Nous avons repéré une belle marche au départ de la maison, pour atteindre le sommet de l’Ilalo, volcan éteint posé au mileu de l’agglomeration. La montée est très raide, le chemin pavé de pierres et les lieux bucoliques. Pâturages et champs bordent la piste. Nous rencontrons plusieurs femmes au visage buriné portant sur le dos une botte d’herbes. En échangeant avec elles, nous remarquons leur espagnol teinté de mots quechua. Certaines sont pieds nus sur ces sols volcaniques… Au sommet, c’est un panaroma à 360 degrés qui s’offre alors à nous. Superbe! Nous redescendons par une belle forêt d’eucalyptus aux reflets argentés et toujours cette odeur si caractéristique.


A Otavalo, nous arpentons les allées du célèbre marché artisanal, l’un des plus conséquents d’Amérique du sud. Ici aussi, les femmes portent le costume traditionnel, mais la jupe est noire et longue et des tissus pliés sur la tête remplacent leur chapeau.


Nous continuons notre exploration vers la lagune de Cuicocha, au pied du volcan inactif du même nom. C’est une caldeira, profonde dépression circulaire faisant suite à une éruption, devenue lac depuis des milliers d’années. Deux petites dômes surgissent des eaux aux couleurs changeantes: d’un bleu presque noir, elles deviennent turquoises sous un rayon de soleil et argentées comme un miroir le soir. Le chemin de crête nous offre des vues spectaculaires et vertigineuses. C’est un véritable arc-en-ciel végétal que nous suivons: petits fleurs bleues, clochettes oranges, pétales fushias, marguerites jaunes, fougères vert anis ! Comme souvent en Equateur, brouillard et soleil se disputent la partie! La végétation est presque mediterranéenne mais sur certaines portions, le chemins passe sous un tunnel de verdure tropicale. Quelle biodiversité incroyable!! Très bons moments en famille autour de cette lagune que nous n’avons que pour nous.


Pour l’avant dernier jour, nous tentons une sortie au pied du volcan Cotopaxi malgré la couverture nuageuse. En quelques kilomètres de voiture, nous voici dans un paysage lunaire: sol volcanique et végétation rase mais toujours cette multitude de fleurs poussant au ras du sol pour se protéger du vent. Nous faisons paisiblement le tour de la lagune de Limpiopungo et apercevons parfois les flancs enneigés du Cotopaxi et ses coulées rouge sang, comme pour rappeler la violence des éruptions. Toujours en activité, il est l’un des plus dangereux du continent.
La route encore praticable en voiture nous mène à la limite des nuages à 4460 mètres dans un décor en noir et blanc uniquement minéral. Un record d’altitude pour nous tous! Le jeu des nuages autour du sommet est incroyable, un véritable spectacle vivant! Nous ne verrons jamais le cône au complet mais sommes ravis de cette escapade. D’autant plus que nous redescendons par une belle route et terminons la journée par une chouette randonnée dans un canyon, de cascades en cascades, de ponts suspendus en passerelles. La végétation est ici luxuriante. Quel changement!! La route qui nous ramène à la maison est pavée et mauvaise. Dire que l’on risque de la prendre en vélo! Cela promet une étape bien difficile !!


Nous sommes déjà le 3 juin et demain nous attend une nouvelle aventure en famille. Nous en profitons pour visiter notre petit village. C’est le jour des communions. Les familles sont rassemblées à l’église, élégantes, recueillies et heureuses. Nous passons un beau moment à profiter uniquement de l’ambiance locale. Nous terminons la journée par un délicieux ceviche! Les filles adorent. Cela tombe bien, c’est la specialité de notre prochaine destination, plus insulaire!

16 commentaires sur “Des débuts prometteurs en Equateur

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  1. Bonjour Fanny, c’est fantastique de découvrir votre périple ! Bonnes découvertes encore à venir et à bientôt ! Marie

  2. Excelentes novedades, es una alegria saber que la familia sigue viajando y conociendo lugares sorprendentes.
    Saludos de la familia Dufour (Etienne Dufour, tu alumno de Saint Joseph Pierre Rouge, gracias por las ensenanzas… también con la novedad que obtuvo su licencia en Physique UMontpellier y parte la proxima semana a la University of Tasmania !)

    1. Que placer de leer este mensaje y esas noticias! Muchissimas gracias. Gael y Etienne fueron alumnos que siempre recuerdo. Felicitaciones a Etienne por su licencia y su proxima experiencia en Tasmania. Waouhhh! Es genial y el pais va a encantarle. Un abrazo grande a toda la familia.

  3. Quel plaisir de voir Janine et Christian en votre compagnie !
    Après ces bons moments en famille, à des altitudes vertigineuses et dans un décor de carte postale, je vois que la rando est un héritage familiale.
    Au plaisir de vous retrouver tous ensemble aux Galapagos.

    1. Merci pour votre fidélité. C’est bien papa et maman qui m’ont transmis le goût de la randonnée. La suite aux Galapagos est fin prête! A tres bientôt.

  4. Merci pour tous ces temps de VIE partagés… Vous me faites voyager et découvrir des réalités de VIE autrement que les nôtres !
    Bonne continuation…

    1. Merci Patrick. L’immersion équatorienne continue et c’est un choc culturel pour nous. Bel été à toi!

  5. Comme toujours un énorme plaisir de vous lire et de suivre vos merveilleuses aventures. Cette fois-ci accompagnés des grands-parents, le luxe! Quels paysages splendides (merci Damien pour ces photos qui captent si bien l’ambiance), je suis sure que l’Equateur vous réserve des grands moments.
    Muchas ganas de veros y de hablar todos juntos en español 😍

    1. Merci Elena pour ta fidélité. L’équateur nous surprend chaque jour un peu plus. Un nouveau choc culturel ! Au plaisir d’en parler de vive voix à notre retour. Un abrazo grande.

  6. 4460m …. C’est impressionnant. À travers les photos et le texte on a l’impression que l’Equateur est différent de la Colombie, peut-être plus andin. Bisous

  7. Magnifiques photos et récit, ça donne franchement envie d’y aller (peut-être parce que ça me fait penser à la Bolivie), alors je n’imagine même pas la suite aux Galapagos ! J’adore la balançoire vertigineuse, les photos de famille et la photo des trois filles, je crois que je vais l’imprimer ! 🙂

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par Anders Noren.

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