Pêle mêle familial à Cuenca

Quel plaisir de retrouver les nôtres après ces mois de séparation ! On se serre dans les bras et on engrange de beaux souvenirs communs dans la région de Cuenca, où nous prolongerons ensuite notre séjour chez nos amis “équato-américain”. Retour sur 10 jours mémorables racontés à 4 voix… et 1 appareil photo !

SIGSIG ET CHORDELEG par FANNY

A quelques kilomètres de Cuenca, se trouvent deux villages typiques que nous souhaitons faire découvrir à notre famille. Nous empruntons une belle route de campagne pour rejoindre Sigsig, connue pour ses célèbres chapeaux de paille, les panamas, ici appelés chapeaux de “paja toquilla”! Nous rejoignons une fabrique artisanale, une association de femmes, la coopérative de Toquilleras artesanales del Sigsig. Et nous comprenons un peu mieux ce que nous avons observé sur notre route. Depuis Paute, beaucoup de femmes se promènent avec une gerbe de roseaux écrue. Nous apprenons ici qu’il sagit de tisseranes. Elles tressent la base des chapeaux à partir d’un type de palmes originaire du littoral du pays. Elles travaillent à leur compte, ce qui leur permet de s’émanciper et de sortir parfois du joug de maris violents. Les féminicides sont ici très répandus… Leur travail est ensuite récupéré par cette coopérative qui s’occupe des phases finales. Lavé et parfois blanchi, repassé, découpé, le chapeau est ensuite enduit dune gomme avant d’être formé à chaud et enfin décoré. La visite est passionnante et très instructive, surtout que nous sommes seuls dans l’atelier. Damien et Christelle se font faire un chapeau sur mesure, à partir des bases existantes. Plus le tissage est fin, plus il prend du temps et donne de la valeur au couvre-chef. Nous adorons ce lieu et ces couturières passionnées, nous rendant compte du travail et de l’envers du décor qu’il y a derrière ces fameux chapeaux “panama”, car portés par les ouvriers équatoriens sur le chantier du canal du même nom!!

Après un bon pique nique en bord de riviere, nous rejoignons le village de Chordeleg. Nous flanons entre glaciers et bijoutiers, avant de visiter le petit musée local. Une employée de mairie, passionnée, ne l’ouvre que pour nous, nous contant un peu de l’histoire de ce village et de son artisanat. Outre le façonnage de bijoux en argent, il est connu pour ses poteries et l’art du cuir. Nous comprenons que ces activités sont en péril à cause de l’immigration et de l’exil des jeunes. Nous espérons sincèrement que les quelques familles détentrices de ces savoirs artistiques continueront à les perpétrer pour la survie des traditions et de l’économie locale. Une journée d’immersion dans la culture et les problématiques locales que nous avons tous adorée!

CUENCA LA BELLE par LUCIE

Cuenca est une très jolie ville coloniale mais moderne à la fois. Elle possède beaucoup d’églises dont celle aux coupoles bleues, symbole de la ville, imposantes et magnifiques. Nous nous rendons à la vieille église où nous pouvons admirer son beau et haut plafond. Elle était trop petite alors ils en ont bâti une autre plus importante. Il y a beaucoup de maisons coloniales construites grâce à des briques rouges ou recouvertes de chaux blanche, abritées d’un toit en tuiles, ornées de balcons sur la façade principale.

Nous sommes aussi allés dans un musée très intéressant qui nous en apprenait beaucoup sur l’évolution de la population équatorienne depuis 15000 ans. Notre guide vit vraiment ce qu’il dit et ça rend la visite encore plus intéressante. Le premier homme a inventé une sorte de xylophone avec des pierres longues et creuses. Et, comme avant ils n’avaient pas de table, les casseroles en poterie n’avaient pas un dessous tout plat mais au contraire elles avaient une petite pointe pour pouvoir l’enfoncer dans la terre.

Les midis, nous mangeons souvent dans des marchés. La viande se trouve au premier étage, les fruits et les légumes au deuxième et les petits restos au dernier. Nous avons fait découvrir le Hornado aux cousines (du cochon confit avec de la salade, de la patate et du maïs) et elles ont adoré elles aussi. J’aime beaucoup l’ambiance des marchés, il y a beaucoup de familles et ça grouille de vie.

Nous profitons beaucoup des parcs ombragés et marchons dans les rues étroites remplies de magasins. Nous allons aussi boire, tous ensemble, un café et un chocolat chaud en haut d’un immeuble d’époque. On a une vue specaculaire !!! Des parcs, des rues, des églises, des couleurs… A perte de vue ! C’était vraiment trop trop cool de jouer, de discuter et de rigoler avec les cousines. De leur côté, les parents n’ont pas cessé de parler ! Bref, nous avons tous adoré cette semaine ! !

PARC EL CAJAS par MANON

En route vers le parc d’El Cajas! A seulement une heure de la maison, ce magnifique parc national nous réservera de belles surprises. Nous longeons premièrement la route avant d’emprunter un sentier vraiment pentu qui nous mènera au sommet de la randonée… 4267 mètres! La vue est à couper le souffle… et c’est d’ailleurs le cas pour certains à cause de l’altitude. Le paysage est couvert d’une végétation rase ressemblant à celle d’un paramo sans les fameux frailejones. Le pique-nique se fera sous le soleil mais le vent se lève peu à peu et il est temps de descendre. Le sentier aussi vertigineux qu’à la montée s’avère par moment difficile à suivre mais tout le monde s’en sort très bien.

Nos jambes vont maintenant pouvoir se reposer car le tour des lacs s’annonce plus plat. Avant cela, nous traversons une belle forêt “d’arboles de papel”, ces arbres à l’écorce orangée qui s’effrite et au feuillage vert argenté scintillant au grès du vent. On se croirait au milieu d’un décor de conte de fée, c’est magique! Nous terminons la balade au calme sous les lumières de fin de journée.

QUEBRADA OSCURA par HELOISE

La “quebrada oscura” est une balade pour voir une cascade. Nous partons directement de la maison. Le chemin est boueux et glissant, il serpente entre deux hautes parois rocheuses recouvertes de mousse verte. Nous arrivons à la cascade. Elle est un peu sèche mais très belle. Camille escalade même un peu plus haut. Nous retournons à la maison pour manger. L’après-midi, nous repartons en voiture pour un mirador. Il y a une très belle vue sur Cuenca. Nous marchons sur une falaise abrupte et impressionante Le soir, nous regardons, entre filles, un film avec des pop corn. J’ai adoré jouer avec les cousines et revoir mon Parrain et Christelle.

LA SUITE AVEC BETTY ET K.PHIL par Fanny
Cette semaine en famille a été vraiment parfaite pour tous. Nous avons pris le temps de parler, de profiter, de visiter et de bien manger. Il faut dire que nos visiteurs n’étaient pas venus les mains vides et avaient caché dans leur valises quelques délices bien français, dont nous nous sommes délectés. Les au-revoir ont été bien émouvants, mais nous sommes tous boostés par cette énergie familiale partagée.

Nous rejoignons à vélo les berges du rio Tomebamba, paisibles et ressourçantes! Pique-nique à la francaise avec Comté et baguettes de la bonne boulangerie El Frances. Nous retrouvons Betty et Kevin Phil, rencontrés à Gualaceo. Ils nous ouvrent leur maison et leur coeur et nous embarquent dans une visite nocturne de Cuenca, dont nous adorons l’ambiance.

C’est vraiment une ville à notre échelle où nous nous sentons très bien… malgré le climat de violence qui s’installe de plus en plus en Equateur. L’un des candidats à l’élection présidentielle vient de se faire assassiner à Quito, 15 jours après le meurtre du maire de Manta, grande ville sur la côte. Nous avions prévu de longer le Pacifique pour remonter ensuite à Quito… au vu des recommandations des locaux et de la forte délinquance sur la côte associée à un regain des règlements de compte entre narcotrafiquants, nous avons renoncé il y a quelques jours à y pédaler. Nous souhaiterions juste y aller quelques jours sans les vélos pour admirer les baleines… les dernières nouvelles nous poussent à renoncer aussi à cette éventualité. Tant pis pour les baleines! Nous préférons rester dans un climat tranquille et serein sans avoir peur de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. C’est donc vers le Sud et vers Loja que nous nous dirigerons, zone réputée accueillante et très tranquille….mais toujours montagneuse. Ça promet de belles grimpettes. Nous apprécions les conseils de Betty et Kevin et nous enrichissons à leur côté au travers de nos discussions passionnantes sur leur deux cultures, équatoriennes et américaines. Ils nous bichonnent, comme leurs enfants, organisent dans leur salon des séances ciné avec pop corn pour les filles et nous régalent de douceurs sucrées et de petits déjeuners gargantuesques. Betty prépare la colada, une boisson chaude locale à base d’avoine et de fruits, un délice. K. Phil nous amène à la grande feria, un marché en version XXL, grouillant de vie, d’odeurs et de couleurs. La veille de notre départ, au moment du petit déjeuner, on toque à la porte et Betty nous envoie ouvrir : Wilmer et Cristel, rencontrés à leur finca de Gualaceo et avec qui les filles se sont liées d’amitié, nous font l’agréable surprise de nous rendre visite ! Betty était dans la confidence. Que de belles retrouvailles ! Très sincères et émouvantes, autant pour les adultes que pour les enfants, signe de la profondeur de ces rencontres qui peuvent paraître éphémères sur la route !

Nous profitons aussi d’être à Cuenca pour prolonger notre visa! C’est bon, nous pouvons rester en toute légalité sur ces terres !
Une fois toutes ces formalités effectuées, et l’esprit serein d’avoir enfin decidé de notre prochaine destination, nous profitons des petits cafés cosy de Cuenca et de ses bonnes boulangeries. La visite du musée de Pumapungo nous offre une rétrospective des coutumes et tenues vestimentaires des différentes provinces de l’Equateur. Nous avons l’impression de refaire la route depuis Quito, tant les mises en scènes nous rappellent nos découvertes locales des derniers mois. A l’extérieur, les vestiges incas montrent encore une fois la puissance de ce peuple, très hierarchisé et aussi conquérant que les futurs envahisseurs espagnols. Les cultures indigènes ont dû lutter depuis des siècles pour conserver un peu de leur identité.

Il est temps pour nous d’enfourcher à nouveau nos vélos. Toujours difficile tous ces au-revoir. Mais la route nous appelle et d’autres rencontres nous attendent….